En septembre dernier, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) avait annoncé que le débit d’absorption spécifique (DAS) de l’iPhone d’Apple dépassait les limites autorisées par l’Union européenne. Le smartphone avait donc été temporairement retiré de la vente, afin que le géant américain se conforme aux réglementations européennes. L’interdiction avait été levée le 29 septembre : "les tests confirment que cette évolution logicielle permet à cet appareil de respecter la valeur limite de DAS "membre", et donc de respecter les normes en vigueur", avait déclaré l’ANFR.
Émission d’ondes : environ 44 smartphones non conformes aux règles européennes
L’utilisation de certains appareils comme les smartphones, les appareils connectés ou le wifi augmentent l’exposition aux ondes électromagnétiques. Grâce au DAS, la mesure de référence, l’organisme procède à des vérifications sur les téléphones portables mis sur le marché français et s’assure de la conformité de ces appareils à la réglementation.
Dans un article publié le 2 décembre, France Inter a cependant révélé que l’iPhone 12 n’est pas l’unique téléphone à avoir dépassé les limites d’émissions d’ondes. Près de 44 smartphones ont été épinglés non conformes par l’ANFR depuis 2017. Certains produits des fabricants Alcatel, Wiko, Huawei, Xiaomi, Samsung et Motorola ne répondaient pas aux règles européennes. "Dans 36 cas, le fabricant a fait une mise à jour pour remettre en conformité son téléphone. Dans six autres cas, le fabricant a rappelé ses produits. Et dans deux derniers cas, un arrêté a été pris pour rappeler et retirer du marché les téléphones, puisque le fabricant n'avait pas pris de mesures correctives", a expliqué Emmanuelle Conil, ingénieure pour l’ANFR.
Quels sont les effets des ondes électromagnétiques sur la santé ?
De nombreux travaux sont menés pour déterminer les potentiels risques associés à l’exposition fréquente aux ondes électromagnétiques. En 2011, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) avait classé "les radiofréquences comme peut-être cancérogènes pour l'Homme" dues à un risque accru de gliome lié à l'utilisation du téléphone sans fil.
Interrogé par Ouest-France, Olivier Merkel, chef de l’unité évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), a évoqué les éventuels effets des ondes électromagnétiques sur la santé. "Il y a eu beaucoup d’études sur le cancer, surtout au niveau de la tête, sur la fertilité, sur le sommeil, sur les performances cognitives, sur les maladies neurodégénératives, avec des résultats contradictoires. Même s’il n’y a pas de certitudes de preuves, certaines études nous font nous poser des questions. Ces ondes ont bien des effets biologiques sur le vivant, mais on ne sait pas aujourd’hui si cela a des conséquences ou non. C’est cette incertitude qui nous pousse à émettre des recommandations de prudence", a-t-il noté.
En 2018, trois scientifiques internationaux avaient examiné une quinzaine de publications portant sur l'effet des ondes radiofréquences sur la qualité du sperme. Leurs conclusions avaient été publiées dans la revue Reproductive Biology and Endocrinology. Les chercheurs avaient notamment indiqué que, selon eux, "l'utilisation fréquente de téléphones portables ou d'appareils électromagnétiques contribue considérablement à la mauvaise qualité du sperme". Les radiofréquences réduiraient le nombre de spermatozoïdes et impacteraient leur morphologie ainsi que leur motilité. Néanmoins, l’Anses avait estimé que "le niveau de preuve est insuffisant pour conclure à un éventuel effet des radiofréquences sur la fertilité masculine et féminine."
Mieux vaut donc faire preuve de prudence face aux ondes électromagnétiques. Pour limiter son exposition, Olivier Merkel a notamment recommandé d’utiliser le plus possible le haut-parleur, les écouteurs ou les kits mains libres des téléphones, et d’éviter de porter son smartphone collé au corps.