Alors que le Téléthon aura lieu ces vendredi 8 et samedi 9 décembre partout en France et sur les antennes de France Télévision, on apprend qu’une nouvelle thérapie basée sur "un jus de cellules" a été injectée avec succès à un premier patient atteint d’insuffisance cardiaque sévère.
"Parce que le muscle cardiaque est particulièrement touché dans certaines maladies neuromusculaires, l’AFM-Téléthon soutient le développement de thérapies innovantes pour traiter les atteintes cardiaques. Parmi les 600 muscles du corps humain, il en est un qui est essentiel : le cœur", peut-on lire dans un communiqué de l’événement caritatif.
Le Pr Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l’Hôpital européen Georges Pompidou, travaille justement avec le soutien de l’AFM-Téléthon à la mise au point de traitements innovants afin de le protéger.
Insuffisance cardiaque sévère : comment est généré le "jus de cellules" ?
Au printemps, un essai a démarré chez des patients atteints de cardiomyopathie dilatée pour tester la sécurité et l’efficacité d’un produit thérapeutique fait des sécrétions cellulaires qu'on peut qualifier de "jus de cellules" cardiaques. Le principe du traitement : utiliser les facteurs de "réparation" produits naturellement par des cellules souches cardiaques obtenues à partir de cellules souches iPS, des cellules "adultes" saines "rajeunies" en laboratoire. Concrètement, ce "jus de cellules" est administré aux malades par voie intraveineuse.
"L’injection d'un « jus de cellules » cardiaques est une première chez l’Homme. Ça fait longtemps que l’on parle de « jus de cellules » issu du secrétome de cellules cardiaques, et on y est enfin ! C’est une première !" se félicite le Pr Philippe Menasché.
Insuffisance cardiaque sévère : comment est venue l’idée du "jus de cellules" ?
L’idée de ce traitement est venue à la suite d’une autre première mondiale réalisée en 2014 par cette même équipe. Le Pr Menasché avait alors appliqué, au cours d’un pontage coronaire, un patch de cellules cardiaques progénitrices dérivées de cellules souches embryonnaires sur la zone lésée du cœur de patients insuffisants cardiaques à la suite d'un infarctus. "À la suite de cet essai, nous avons constaté que les bénéfices des cellules étaient principalement liés à leur capacité à secréter des substances qui activaient des voies de réparation plutôt qu’aux cellules elles-mêmes", explique-t-il.
Sur la base de ce constat, il a poursuivi ses recherches pour mettre au point un traitement à partir des substances réparatrices produites par les cellules.
"Cette approche innovante est le fruit d’années de travail et d'une collaboration pluridisciplinaire coordonnée par le Pr Menasché. Elle offre de nouvelles perspectives de traitement aux patients atteints d'insuffisance cardiaque sévère. Le premier patient traité se porte bien, ce qui permet d’envisager, d’ici la fin de l’année, le traitement d’un second malade" partage le Pr Albert Hagège, cardiologue à l'hôpital Hôpital Européen Georges-Pompidou.
Insuffisance cardiaque sévère : "J’ai reçu trois injections » de « jus de cellules »"
"J’ai reçu trois injections. J’ai tout de suite senti de l’amélioration. Je me suis senti vraiment mieux au quotidien. J’avais l’impression d’avoir retrouvé mes 20 ans. Des examens cliniques seront réalisés dans quelques semaines pour démontrer l’efficacité du traitement mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, je me sens en forme ! Le Téléthon est très important car les dons permettent que chacune des maladies puissent bénéficier d’essai clinique" raconte Sammy, 60 ans, premier patient traité par "le jus de cellules" cardiaques.
Qu’est-ce que l'insuffisance cardiaque ?
L'insuffisance cardiaque est une maladie fréquente qui touche 1 million de personnes en France, dont la moitié présentent une forme grave. Elle cause autant de décès que les cancers (32.000 par an).
Les traitements médicamenteux ne permettent que de retarder les complications tandis que la greffe cardiaque reste une procédure très lourde et d'accès très limité, d'où l'intérêt pour des thérapeutiques novatrices telles que le "jus de cellules" cardiaques.