- Le placenta joue notamment un rôle essentiel dans l'échange d'oxygène et de gaz carbonique, l'élimination des déchets, le transfert des éléments nutritifs, la synthèse de certaines hormones, la protection et l'immunité.
- Les vésicules extracellulaires, ces microparticules en forme de bulle produites par les cellules du placenta, joueraient un rôle essentiel dans la transmission d’informations biologiques du placenta vers les neurones du cerveau fœtal.
- Des prélèvements d’échantillons pourraient permettre de faire un diagnostic précoce de certaines pathologies neurologiques comme la schizophrénie ou les troubles du spectre de l’autisme, selon les chercheurs.
Le placenta, cet organe éphémère qui se développe dans l'utérus pendant la grossesse, joue un rôle essentiel, permettant au fœtus de communiquer avec sa mère en transférant des protéines, des lipides, des micro-ARN ou encore des neurotransmetteurs au cerveau fœtal.
Pour la première fois, une étude américaine, publiée dans la revue Biology of Reproduction, met en évidence comment exactement toute cette information biologique est transférée au cerveau en développement.
"Les vésicules extracellulaires du placenta sont le chaînon manquant"
Dans le cadre de leurs expériences sur des souris, les chercheurs du College of Veterinary Medicine de l'Université du Missouri ont découvert que les vésicules extracellulaires, ces microparticules en forme de bulle produites par les cellules du placenta, agissent "comme un mécanisme protecteur d''expédition et de gestion'" transportant des informations biologiques importantes du placenta vers les neurones du cerveau fœtal.
"Nous savions depuis longtemps quelles informations voyagent entre le placenta et le cerveau fœtal, mais nous n'avons jamais su comment elles y arrivent, explique la professeure Cheryl Rosenfeld, qui a dirigé l’étude, dans un communiqué. Les vésicules extracellulaires sont le chaînon manquant."
L’analyse du placenta, vers un diagnostic précoce des troubles neurologiques
Ces résultats ouvrent de multiples perspectives thérapeutiques, selon la chercheuse. Grâce à des prélèvements d’échantillons, effectués soit pendant la grossesse par le sang maternel, soit à la naissance par le placenta, les médecins pourraient faire "un diagnostic précoce de certaines pathologies neurologiques comme la schizophrénie ou les troubles du spectre de l’autisme (TSA), et même être en mesure de les prévenir". Actuellement, en effet, les personnes atteintes de troubles neurologiques peuvent ne pas être diagnostiquées avant l'apparition de signes cliniques, soit souvent quelques années après la naissance. "Si des anomalies pouvaient être identifiées pendant la grossesse, les interventions pourraient commencer beaucoup plus tôt."
Ce n’est pas la première fois que Cheryl Rosenfeld s’intéresse à l’exposition du fœtus aux informations biologiques transmises par la mère. En 2022, elle a découvert que l'exposition prénatale aux opioïdes pouvait déclencher des changements neurologiques et comportementaux plus tard dans la vie de l’enfant. Un an plus tôt, elle avait révélé que les placentas exposés au bisphénol A via la mère pouvaient avoir un impact négatif sur le développement du cerveau fœtal de la progéniture.