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Santé et environnement

Ostéoporose : et si l’exposition aux PFAS y contribuait ?

Par Alexandra Wargny Drieghe

Une nouvelle étude, la première sur ce sujet, montre que plus les adolescents et jeunes adultes sont exposés aux PFAS, plus leur densité osseuse diminue.

utah778/Istock
Cette étude montre une association entre la diminution de la densité osseuse chez les adolescents et jeunes adultes et l’exposition à un type de PFAS. 
Cette perte de densité osseuse peut entraîner sur le long terme une ostéoporose, une maladie osseuse qui augmente le risque de fractures.
“Il est important de réglementer les PFAS en tant que classe, car nous ne sommes pas seulement exposés à un seul produit chimique, nous sommes exposés à des milliers de produits chimiques”, a déclaré l'auteure principale de la recherche.

Encore une nouvelle étude qui pointe du doigt les effets délétères des substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) sur l’Homme ! Les chercheurs de la Keck School of Medicine de l’USC (University of Southern California, aux États-Unis), montrent dans une étude multi-cohorte que “l’exposition au SPFO [acide perfluorooctanesulfonique, un type de PFAS, ndlr] est associée à une DMO [densité minérale osseuse, ndlr] plus faible à l’adolescence et au début de l’âge adulte, périodes importantes pour le développement osseux, ce qui peut avoir des implications sur la santé osseuse future et le risque d’ostéoporose à l’âge adulte”.

“Éliminer” l’exposition aux PFAS pour “éviter l’ostéoporose plus tard dans la vie”

Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont analysé les données de 304 adolescents américains hispaniques, âgés en moyenne de 11 ans, qui participaient à une autre étude sur les risques de diabète de type 2. Grâce à des échantillons de sang, ils ont pu relever les taux de PFAS présents dans leur organisme. La densité osseuse des individus a quant à elle été mesurée grâce à un type spécial de radiographie connu sous le nom d’absorptiométrie à double rayon X (DXA). Un suivi a été effectué un an et demi après, afin de faire une évaluation des changements au fil du temps.

Dans les résultats publiés dans la revue Environmental Research, les chercheurs expliquent que pour chaque doublement de l’acide perfluorooctanesulfonique de base, les participants présentaient, au moment du suivi, une diminution moyenne de la densité minérale osseuse de 0,003 g/cm2 par an.

Ils ont comparé ces résultats avec une autre analyse de 137 jeunes adultes d’origine ethnique mixte et avec un âge moyen de 19 ans. Ces adultes ont été suivis selon le même procédé pendant quatre ans. Les résultats montrent également que l’exposition au SPFO est associée à une diminution de la densité osseuse. Or, dans des conditions “normales” de développement, la densité osseuse d’un individu augmente tout au long de l’adolescence, culmine entre 20 et 30 ans, puis diminue progressivement.

Les PFAS sont omniprésents – nous y sommes tous exposés, a déclaré Vaia Lida Chatzi, professeure de sciences de la santé publique et des populations à la Keck School of Medicine et auteure principale de l’étude. Nous devons éliminer cette exposition pour permettre à nos jeunes d’atteindre leur plein potentiel en termes de développement osseux et ainsi éviter l’ostéoporose plus tard dans la vie.

Comment réduire l’exposition aux PFAS ?

Les PFAS sont utilisés pour fabriquer de nombreux produits du quotidien : emballages alimentaires, poêles antiadhésives, peintures, textiles, etc. Leur caractéristique principale est d’être ultra-résistante, d’où leur surnom de “produit chimique éternel”. Le problème de ces substances, qui étaient au départ très intéressantes pour l’industrie, est qu’elles finissent par s’accumuler dans l’environnement, polluant les sols, les eaux potables et les organismes vivants. Sans prise en mains du sujet par les pouvoirs publics, il est donc impossible de ne pas y être exposé quotidiennement. “Il est important de réglementer les PFAS en tant que classe, car nous ne sommes pas seulement exposés à un seul produit chimique, nous sommes exposés à des milliers de produits chimiques”, a déclaré Vaia Lida Chatzi.

Pour réduire l’exposition à notre niveau, la chercheuse conseille de ne plus utiliser certains ustensiles de cuisine comme les poêles antiadhésives, ou encore certains cosmétiques qui peuvent en renfermer un très grand nombre.

Pour la suite, l’équipe prévoit de mener ces mêmes recherches sur une population plus large des États-Unis, notamment avec d’autres communautés et d’autres âges de la vie. Elle souhaite également comprendre les mécanismes biologiques à l’origine des effets des PFAS sur la santé osseuse, en recherchant par exemple des biomarqueurs qui indiqueraient que la santé des os est en danger, et ce, avant que l’ostéoporose ne s’installe.

Près de 4 millions de personnes atteintes d'ostéoporose en France

L'ostéoporose est une maladie osseuse qui reste longtemps silencieuse et apparaît généralement en vieillissant. Elle se caractérise par une diminution de la densité osseuse et une détérioration de son architecture interne. Cela rend le squelette plus fragile et augmente, de fait, le risque de fractures plus fréquentes, y compris lors de traumatismes minimes. D'après l'Inserm, 5,5 % de la population générale serait touchée en 2019, avec une majorité de femmes. "Avec l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population, l’ostéoporose et les fractures qui lui sont associées représentent un problème de santé publique important : autour de l’âge de 65 ans, on estime que 39 % des femmes souffrent d’ostéoporose. Chez celles âgées de 80 ans et plus, cette proportion monte à 70 %", précise l'Institut.