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Sommeil

Le travail de nuit provoque des troubles du sommeil chez 1 personne sur 2

Par Mégane Fleury

Travailler de nuit augmente le risque de troubles du sommeil, surtout lorsqu’il est régulier. Les personnes jeunes sont les plus touchées. 

Narai Chal/ISTOCK
MOTS-CLÉS :
Le travail de nuit augmente le risque de troubles du sommeil.
Les femmes, les jeunes et les personnes les moins instruites sont davantage exposés à ce risque.
Le travail de nuit est aussi associé à un risque plus élevé de développer des maladies cardio-vasculaires et des cancers.

Un sommeil de qualité est nécessaire pour être en bonne santé. Il contribue à notre repos physique mais aussi mental. Mais certains facteurs peuvent dégrader la qualité de nos nuits, notamment l'activité professionnelle. Selon une étude parue dans Frontiers Psychiatry, le travail nocturne augmente le risque de troubles du sommeil. 

Quels sont les effets des cycles de travail de nuit sur le sommeil ?

Les auteurs sont des chercheurs issus de différentes universités néerlandaises. Si de nombreuses études ont montré les effets néfastes du travail de nuit sur la qualité du sommeil, ils ont cherché à comprendre les liens entre différents types de cycles de travail, des facteurs sociodémographiques et les troubles du sommeil. Pour ce faire, les chercheurs ont recruté plus de 37.000 participants : tous ont répondu à des questions notamment sur leurs habitudes de travail en cycle (matin, soir, nuit régulier ou changement d’équipe). "Nous avons montré que par rapport au travail en cycles réalisés pendant la journée, le travail effectué sur les autres types de cycles est associé à une fréquence plus élevée de troubles du sommeil, en particulier dans le travail de nuit régulier et rotatif", observe le Dr Marike Lancel, chercheuse à l'Institut de santé mentale de GGZ Drenthe à Assen et autrice principale de l'étude. 

La moitié des travailleurs de nuit a au moins un trouble du sommeil 

Six catégories courantes de troubles du sommeil ont été analysées : l'insomnie, l'hypersomnie, la parasomnie (des comportements anormaux qui surviennent pendant le sommeil), les troubles respiratoires liés au sommeil, les troubles du mouvement liés au sommeil et les troubles veille-sommeil du rythme circadien. "Le travail de nuit régulier est la condition la plus débilitante en matière de sommeil, concluent les auteurs. La moitié des travailleurs de nuit ont déclaré dormir moins de six heures sur 24 heures, 51 % ont signalé un trouble du sommeil et 26 % ont signalé deux troubles du sommeil ou plus."

Troubles du sommeil et travail : les jeunes sont plus à risque

Dans un deuxième temps, ils ont évalué l’impact des facteurs socio-démographiques. Leur analyse montre que les troubles du sommeil étaient plus fréquents chez les femmes. "L'âge influence également le sommeil : les participants plus âgés avaient tendance à dormir moins d'heures, mais la plupart des troubles du sommeil et leurs comorbidités se sont avérés plus fréquents parmi le groupe de participants le plus jeune, âgé de 30 ans et moins", notent-ils. Le niveau d’éducation a aussi un impact sur le risque de troubles du sommeil. "Les effets du travail en équipe de nuit sur le sommeil sont plus marqués chez les jeunes adultes moins instruits", souligne Marike Lancel. 

Travail de nuit : quelles sont les conséquences sur la santé ?

Selon un document du ministère de la santé, les effets délétères du travail de nuit se ressentent particulièrement lors des premiers jours de changement de poste. "Le sommeil de jour est moins récupérateur (en général un peu plus court et avec moins de sommeil profond) que celui de nuit car il est peu adapté à nos rythmes chronobiologiques", ajoute le document. Les personnes concernées vont accumuler des dettes de sommeil, c’est-à-dire une diminution de 1 à 2 heures par jour de la quantité de sommeil, qui suscitent des difficultés d’endormissement. "Les connaissances actuelles montrent que le travail de nuit augmente les risques de troubles du sommeil et de pathologies psychiques, de troubles métaboliques et de maladies cardiovasculaires et favorise l’apparition de certains cancers", ajoute l’INRS, l’institut national de recherche et de sécurité sur la santé au travail. D’après la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, 3,5 millions de personnes travaillaient de nuit occasionnellement ou régulièrement en France, en 2012.