Le papillomavirus humain, ou HPV, est responsable d’une grande partie des cancers du col de l’utérus. Chez certaines personnes, l’infection engendre des lésions précancéreuses sur le col de l’utérus. Selon une étude parue dans le British Medical Journal, lorsqu’elles ne sont pas retirées, mais seulement surveillées, il y a un risque accru de cancer du col de l’utérus.
Cancer du col de l’utérus : faut-il traiter les cellules pré-cancéreuses ?
Les scientifiques se sont intéressés à la néoplasie intraépithéliale cervicale (CIN) : elle correspond à des modifications anormales des cellules qui tapissent le col de l'utérus. La CIN est divisée en grades : CIN 1, 2 ou 3. "Plus le nombre est élevé, plus le risque de progression vers un cancer est grave et important", préviennent les auteurs. De fait, il ne s’agit pas d’un cancer, mais sans traitement, ces cellules peuvent le devenir. "Depuis de nombreuses années, CIN 2 constitue le seuil de traitement visant à éliminer les cellules anormales, développent les chercheurs danois. Cependant, plusieurs études ont montré que 50 à 60 % des cas de CIN 2 régressent spontanément en deux ans." Ainsi, certaines autorités sanitaires recommandent de mettre en place une surveillance active de ces lésions plutôt que de les retirer. Au Danemark notamment, la prise en charge repose sur cette surveillance. "Elle implique des examens et des tests réguliers pendant deux ans après le diagnostic pour voir si les cellules anormales se développent", expliquent-ils.
Lésions précancéreuses : une augmentation du risque de cancer du col de l’utérus après 20 ans
Pour comprendre si cette méthode est une manière efficace de prévenir le cancer du col de l’utérus, ces scientifiques ont évalué le risque à long terme chez les femmes bénéficiant d'une surveillance active de la CIN 2 par rapport à un traitement immédiat. L’étude portait sur 27.524 femmes atteintes de CIN 2 diagnostiquées entre 1998 et 2020 et âgées de 18 à 40 ans au moment du diagnostic. Parmi elles, 45 % faisaient l’objet d’une surveillance active et 55 % ont bénéficié d’un traitement immédiat pour éliminer les lésions. Le risque de cancer du col de l'utérus était similaire dans les deux groupes au cours de la période de surveillance active de deux ans, mais il a ensuite augmenté dans le groupe de surveillance active. "Après 20 ans, le risque était environ quatre fois plus élevé dans le groupe de surveillance active, alors qu'il restait relativement stable dans le groupe de traitement immédiat, concluent les auteurs. Le risque accru était principalement observé chez les femmes âgées de 30 ans ou plus."
Cancer du col de l'utérus : un meilleur suivi des femmes ayant des lésions précancéreuses
Ils soulignent que ce risque demeure faible et estiment qu’il pourrait être lié à la persistance de l’infection "dormante" par le HPV dans les cellules. Cela exposerait à "un risque ultérieur de réactivation pendant les périodes d'affaiblissement immunitaire ou lié à l’âge", supposent les chercheurs.
Cette étude est observationnelle, elle ne permet pas d’établir une relation de cause à effet. Toutefois, pour les auteurs, ces résultats "sont importants pour le conseil clinique des femmes atteintes de CIN2 et suggèrent la nécessité d’un suivi accru chez les femmes ayant des antécédents de surveillance active".
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