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Drogue

Cannabis : sa consommation rendrait plus mince

Par Marie Martin

Consommer du cannabis pendant l'adolescence perturberait les processus régissant le stockage de l’énergie, ce qui donnerait un corps plus mince.

Lanastock/iStock
Consommer du cannabis réduirait la masse graisseuse.
La consommation de cannabis à l'adolescence modifierait la capacité du corps à mobiliser les nutriments nécessaires à l'activité musculaire, mais aussi cérébrale.
Ces modifications seraient définitives.

Souvent, après avoir fumé du cannabis, les consommateurs ressentent une faim insatiable, urgente et soudaine. Pourtant, malgré ces fringales, ils restent plus minces que les personnes qui n'en consomment pas. Dans une étude, des chercheurs de l'université de Californie à Irvine ont trouvé une possible explication à ce paradoxe, et ce n'est pas une bonne nouvelle.

Des souris incapables de mobiliser le carburant des réserves de graisses

"Nous nous sommes demandé si ce phénotype (le fait d’être mince) pouvait résulter de changements durables dans l'équilibre énergétique établis au cours de l'adolescence, lorsque la consommation de la drogue commence souvent", ont-ils expliqué. Pour réaliser leurs recherches, les scientifiques ont administré à des souris adolescentes de faibles doses quotidiennes de THC ou de son excipient liquide. Puis, lorsque les animaux sont devenus adultes, ils ont stoppé le traitement et ont procédé à une évaluation approfondie de leur métabolisme.

Selon les résultats, publiés dans la revue Cell Metabolism, les rongeurs traités au THC pendant leur adolescence, même s'ils n'étaient plus sous l'emprise de la drogue, présentaient moins de masse graisseuse. Ils se sont également révélés partiellement résistants à l'obésité et à l'hyperglycémie, avaient une température corporelle supérieure à la normale et ne parvenaient pas à mobiliser le carburant provenant des réserves de graisses. On observe également certaines de ces caractéristiques chez les personnes qui consomment régulièrement du cannabis.

Cannabis : les rongeurs produisaient de grandes quantités de protéines musculaires

Pour comprendre ces données, l’équipe a examiné les changements moléculaires dus au THC. Les résultats ont montré que les cellules adipeuses des souris traitées au THC semblaient normales à l'examen au microscope mais produisaient des quantités importantes de protéines musculaires, qui ne se trouvent normalement pas dans la graisse. En revanche, les muscles, produisaient moins de ces mêmes protéines.

Les scientifiques ont conclu que l'effort requis pour produire ces protéines "étrangères" interférait avec le fonctionnement normal des cellules graisseuses et avec leur capacité à stocker puis à libérer les nutriments. Cela affecterait l'activité physique mais aussi les processus mentaux, tels que la concentration, qui ont besoin d'un afflux régulier de carburant dans le cerveau.

"Trop souvent, nous considérons le cannabis uniquement comme une drogue psychoactive, mais ses effets s'étendent bien au-delà du cerveau. Nos résultats montrent que l'interférence avec la signalisation endocannabinoïde pendant l'adolescence perturbe la fonction des organes adipeux de manière permanente, avec des conséquences potentiellement importantes sur la santé physique et mentale", a conclu Daniele Piomelli, auteur des recherches, dans un communiqué.