"Environ 500 fois la puissance analgésique de la morphine". L’Association française des centres d’Addictovigilance tire la sonnette d’alarme sur les risques des nitazènes, cette nouvelle famille d’opioïdes de synthèse (isotonitazène, protonitazène...) particulièrement puissants qui font leur apparition dans l'Hexagone et les outre-mer.
Les nitazènes à l’origine de dépressions respiratoires, de décès...
Ces composés, initialement développés comme antalgiques dans les années 50 puis abandonnés, sont réapparus sur le marché des substances récréatives en 2019 aux Etats-Unis, au Canada ou encore en Europe. Leur présence a été signalée en France au printemps 2023, impliquée dans des clusters d’intoxications en Occitanie et à La Réunion, avec des conséquences cliniques graves comme des syndromes toxiques sévères avec mise en jeu du pronostic vital, des dépressions respiratoires, voire des décès.
"Leur puissance pharmacologique – environ 500 fois la puissance analgésique de la morphine pour l’isotonitazène – rend peu prévisible l’intensité des effets ressentis, même si les usagers rapportent de faibles quantités consommées", explique l’association dans un communiqué. Elle rappelle que les nitazènes peuvent se retrouver parfois de façon clandestine dans divers produits, notamment poudres et médicaments contrefaits, seuls ou associés à d’autres molécules, y compris de l’héroïne.
Les nitazènes non détectables par un dépistage urinaire classique
Addictovigiliance invite tous les professionnels de santé (urgentistes, toxicologues, addictologues...) à être vigilants face à ces nouvelles drogues de synthèse. Elle rappelle que la naloxone, un médicament qui renverse temporairement les effets des nitazènes, doit être considérée comme un outil de prévention essentiel, tant pour les usagers que pour leurs proches.
"Les nitazènes ne sont pas détectables par les tests urinaires classiques, que ce soit par immunochimie ou criblage chromatographique de première intention", alerte l’association de surveillance. "En outre, la présence d’héroïne – susceptible de positiver le dépistage immunochimique opiacé – n’exclut pas la présence d’un nitazène dans le produit consommé. Ainsi, toute discordance entre la clinique et le tableau analytique et/ou la réponse à l’administration de naloxone doit faire évoquer la présence d’un nouvel opioïde de synthèse."
En cas de doute, il est recommandé de conserver les échantillons et de contacter les centres d’Addictovigilance pour une évaluation plus approfondie.