Une augmentation des cas de syphilis, de chlamydiose et de gonorrhée, des infections sexuellement transmissibles (IST), a été observée entre 2020 et 2022, selon Santé publique France. Dans un document publié le 12 décembre, des chercheurs de la Sorbonne Université, de l'Inserm, de l'Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique ont dévoilé leurs résultats, obtenus à partir des données du réseau Sentinelles.
Une forte progression des IST dans l’Hexagone
En 2022, le taux d’incidence des infections à chlamydia était de 102 cas pour 100.000 habitants, soit une hausse de 16 % par rapport à 2020. Les infections de gonococcies ont augmenté de 91 % en l’espace de deux ans avec 44 cas pour 100.000, et les cas de syphilis ont connu une hausse de 110 %, avec 21 cas pour 100.000 habitants.
Les auteurs du rapport ont également noté que "les cas ayant une gonococcie ou une syphilis avaient, par rapport à ceux ayant une infection à chlamydia, plus de multipartenaires, plus d’antécédents d’IST, plus de co-infections par le VIH et plus de prises d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP)"
Le rôle de la pandémie dans le dépistage des IST
Comme l’ont rappelé les chercheurs, les IST sont un problème de santé publique majeure "en raison de leur transmissibilité (aux partenaires et maternofœtale), de leur fréquence, des complications à long terme qu’elles induisent (douleurs pelviennes chroniques, infections génitales hautes, infertilité, cancer, etc.) et de leur rôle dans la transmission du VIH". Le dépistage est donc essentiel pour limiter leur propagation et mettre en place des prises en charge adéquates.
Au cours de l’étude, il a été observé que la pandémie de Covid-19 a eu un effet négatif sur le dépistage de ces infections bactériennes. Les confinements ont ralenti les rencontres avec des partenaires, mais également les activités de dépistage. Ce ralentissement des tests de dépistage a pu provoquer des retards de diagnostic ainsi qu'une baisse des taux d’incidence estimés en 2020.
Les auteurs de l’étude ont cependant indiqué que l’augmentation des IST n’est pas un phénomène récent en France. Les hausses des cas de chlamydia, de gonorrhée ou de syphilis sont constatées depuis de nombreuses années, et pourraient être liées à une activité de dépistage plus intense. Outre la période de pandémie de Covid-19, les dépistages des IST, en particulier de chlamydia et de gonocoque, ont doublé entre 2014 et 2022. "La dynamique n'est donc pas forcément inquiétante, car l'augmentation du dépistage et des diagnostics permettent un traitement précoce et un contrôle de leur diffusion, ce qui est une bonne nouvelle", a rassuré le Docteur Pascal Pugliese, président de la société française de lutte contre le sida (SFLS), au Figaro.
En conclusion, les spécialistes ont souligné l’importance de continuer "les efforts en termes de dépistage combiné de toutes les IST (VIH, IST bactériennes, hépatites B et C) chez les patients et leurs partenaires, afin de commencer rapidement le traitement et d'interrompre les chaînes de transmission".