"Si notre étude apporte la bonne nouvelle que le risque de mourir du cancer a globalement diminué dans tous les districts anglais au cours des vingt dernières années, elle met en évidence les inégalités étonnantes des décès par cancer parmi les différents districts d'Angleterre."
Une équipe de chercheurs de l'Imperial College de Londres, dirigée par le professeur Majid Ezzati, vient de révéler que la probabilité de développer un cancer fatal pouvait faire des grands écarts en fonction de l’endroit où l’on habite, marqueur des inégalités sociales – chose qui avait d’ailleurs déjà été constatée en France par une étude de 2021.
Des différences de mortalité par cancer entre les zones les plus riches et les plus démunies
Pour parvenir à ces conclusions, publiées dans The Lancet Oncology, l’étude s’est appuyée sur les dossiers de décès entre 2002 et 2019 dans les 314 districts d’Angleterre existants à l’époque. À l'aide d'un modèle statistique, ils ont estimé, pour chaque année et chaque quartier, le risque de mourir avant l'âge de 80 ans d’un des dix principaux types de cancer. Les chercheurs ont également pris en compte, dans chaque district, la part de la population touchant des prestations sociales (du fait du chômage ou de trop faibles revenus) afin de déterminer le lien entre pauvreté et risque de cancer.
Résultat, si le risque de mourir d'un cancer avant l'âge de 80 ans a diminué pour les deux sexes entre 2002 et 2019, la recherche pointe du doigt les différences de mortalité par cancer entre les régions les plus riches et les plus démunies. En 2019, le risque de cancer fatal varie ainsi "d'un sur 10 à Westminster à un sur six à Manchester pour les femmes, et d'un sur huit à Harrow à un sur cinq à Manchester pour les hommes, le risque le plus élevé étant dans les villes du nord telles que Liverpool, Manchester, Hull et Newcastle, et dans les zones côtières à l'est de Londres", peut-on lire dans un communiqué.
"Le cancer du poumon, première cause de décès par cancer, est associé à la pauvreté"
"Le risque de mourir d’un cancer était 70 % plus élevé dans les districts les plus touchés par la pauvreté [par rapport aux moins touchés], résume le chercheur Theo Rashid, auteur principal de l’étude. C’est en partie lié au fait que le risque de cancer du poumon, première cause de décès par cancer, est fortement associé à la pauvreté."
"La plus grande inégalité entre les régions était pour les cancers présentant des facteurs de risque tels que le tabagisme, l'alcool et l'obésité, et pour ceux qui pouvaient être évités ou détectés tôt par des programmes de dépistage", poursuit le scientifique, qui invite les autorités à renforcer les politiques de santé publique pour lutter contre ces fléaux, et à communiquer davantage sur l’intérêt préventif de se faire dépister.
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