- Le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2022 au sein de l'Hexagone est estimé entre 4.233 et 5.738.
- Depuis 2021, la primo-prescription de la PrEP peut être délivrée en médecine de ville.
- Selon une nouvelle étude, "par rapport aux usagers, les non-usagers de la PrEP sont plus jeunes, moins souvent urbains et moins éduqués. Ils ont aussi une situation financière moins privilégiée et sont socialement moins connectés aux modes de vie de la communauté gay. Ils sont enfin plus éloignés du système de soin et de l’offre médicale en santé sexuelle".
Pourquoi la PrEP est-elle encore sous-utilisée en France ? Alors que l’accès à ce traitement est facilité depuis deux ans sur notre territoire, une nouvelle recherche de Santé Publique France donne des éléments de réponse.
VIH : qui est éligible à la PrEP ?
La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est un outil de prévention de l’infection au VIH pour les populations à haut risque d’exposition, dont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Depuis 2021, la primo-prescription de la PrEP peut être délivrée en médecine de ville en plus des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) ou de l’hôpital. "L’objectif de cet article est de décrire les profils des HSH éligibles à la PrEP (qu’ils l’utilisent ou non au cours des six derniers mois) et de déterminer les facteurs associés à sa non-utilisation", expliquent les auteurs de l’enquête.
Les données mobilisées pour cette analyse sont issues de l’enquête Rapport au sexe (Eras) réalisée en ligne et anonymement en 2023 auprès des HSH. "Nous avons considéré qu’étaient éligibles à la PrEP les répondants multipartenaires non-séropositifs pour le VIH, ayant déclaré le non-usage systématique du préservatif avec des partenaires occasionnels dans les 6 derniers mois lors de pénétrations anales", précisent les chercheurs.
VIH : pourquoi certains n'ont toujours pas recours à la PrEP ?
Sur les 19.307 répondants rapportant être des HSH, cisgenres, résider en France et ne pas vivre avec le VIH, 6.439 (33,4 %) répondaient aux critères d’éligibilité à la PrEP. Parmi ces derniers, 3.278 (50,9 %) l’avaient utilisée au cours des 6 derniers mois et 3.161 (49,1 %) ne l’avaient pas utilisée.
"Par rapport aux usagers, les non-usagers de la PrEP étaient plus jeunes, moins souvent urbains et moins éduqués. Ils avaient aussi une situation financière moins privilégiée et étaient socialement moins connectés aux modes de vie de la communauté gay. Ils étaient enfin plus éloignés du système de soin et de l’offre médicale en santé sexuelle", peut-on lire dans le rapport.
"Nos résultats soulignent la persistance de freins individuels et structurels à l’utilisation de la PrEP au sein d’une population de HSH ayant des comportements sexuels à haut risque d’exposition au VIH. Pour l’instant, l’ouverture de la primo-prescription de la PrEP en médecine de ville n’atteint pas les objectifs attendus, dont la diversification des caractéristiques sociodémographiques des usagers éligibles", déplorent en conclusion les experts de Santé Publique France.
PrEP : environ 180.000 personnes vivent avec le VIH en France
Le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2022 au sein de l'Hexagone est estimé entre 4.233 et 5.738. "L’augmentation observée entre 2020 et 2022 fait suite à la diminution importante en 2020 liée à l’épidémie de Covid-19. Elle est expliquée par la baisse de l’activité de dépistage, des flux migratoires et sans doute également des expositions au VIH liée aux mesures de distanciation sociale", écrit l’agence de santé dans son dernier rapport sur le sujet.
Environ 180.000 personnes vivent avec le VIH en France. A l’échelle internationale, 85,6 millions d’individus ont été infectés par le VIH et 40,4 millions sont morts de maladies liées au sida depuis le début de l'épidémie dans les années 80.