Ils assistent un proche dans des tâches quotidiennes comme les courses ou le ménage, ils veillent sur sa santé, ils l’accompagnent dans ses démarches administratives... Plus de neuf millions de Français seraient aujourd’hui "aidants" d’un de leurs proches en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Avec chacun son lot de difficultés.
"On imagine souvent que les points négatifs l'emportent de loin sur les points positifs, que la prestation de soins est un facteur de stress chronique qui contribue à une détérioration de la santé et du bien-être. Mais ce n’est pas toujours exact" : une nouvelle étude révèle que celles et ceux qui aident leur proche pourraient en réalité être moins touchés par la dépression que ceux qui... n’aident pas.
Procurer des soins à un proche "atténue" le sentiment de dépression
Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Advances in Life Course Research, les chercheurs de l’Université du Texas à Austin (Etats-Unis) ont suivi pendant des années un groupe d’adultes de plus de 50 ans dont la mère était encore en vie. Ils ont analysé les changements dans leur santé mentale à mesure que certaines mères devenaient handicapées ou déficientes au niveau cognitif, et que leurs enfants les prenaient donc en charge.
Les scientifiques ont d’abord constaté, sans surprise, que les enfants aidants devenaient de plus en plus déprimés en voyant la santé de leur mère se détériorer. Un état dépressif "principalement dû au fait qu'un être cher éprouve de graves problèmes de santé", peut-on lire dans un communiqué. Cela va dans le sens des études antérieures qui avaient montré que les aidants avaient, de facto, un risque accru de dépression par rapport aux non-aidants.
Mais les chercheurs ont surtout observé, chez les enfants aidants, que "la simple prestation de soins à l’égard de leur mère atténuait leurs symptômes de dépression" causés par la triste situation, "comme une expérience positive qui leur donne un sens et un but".
"Les expériences stressantes nous rendent plus résilients"
"Cela suggère qu'il pourrait y avoir quelque chose de protecteur dans le fait de pouvoir aider les personnes que nous aimons, affirme le professeur Sae Hwang Han, qui a dirigé l’étude. Il est indéniable que la prestation de soins peut être une expérience très stressante. Mais certaines expériences stressantes nous rendent aussi plus résilients et nous aident à grandir."
Une étude de 2021, également dirigée par le Professeur Han et son équipe, avait abouti à la même conclusion avec les conjoints : le fait de s’occuper de son partenaire en difficulté était associé à un moindre risque de souffrir de dépression.