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Fibrillation atriale : "Si j’avais su, j’aurais eu recours à une ablation plus tôt"

Par Geneviève Andrianaly

Roland, 70 ans, adepte de la course à pied, explique pourquoi un suivi régulier et une prise en charge précoce sont nécessaires en cas d’arythmie.

taylanibrahim/iStock
La fibrillation atriale est un trouble du rythme cardiaque qui accélère le cœur et le fait battre de manière irrégulière.
Pour traiter les accès, un antiarythmique est prescrit au patient.
Cependant, si le traitement n’est pas efficace, une ablation peut être réalisée. Elle consiste à réaliser des brûlures des zones impliquées dans le déclenchement de l’arythmie.

"Mon cholestérol est correct. Je ne suis pas ni en surpoids, ni sédentaire. J’ai eu une hypertension artérielle qui n’était pas très importante et qui était bien contrôlée par le traitement", indique Rolland, médecin à la retraite. Et pourtant, l’homme de 70 ans est atteint d’une fibrillation atriale, qui concerne 1 % de la population générale mais surtout les personnes âgées. "Mes seuls facteurs de risques sont, en fait, familiaux." Son père était touché par l’athérosclérose, sa mère en souffrait également, était hypertendue et est morte d’un accident vasculaire cérébral. Et ce n’est pas tout. Son frère et ses trois oncles maternels sont décédés d’une mort subite sans doute d’origine cardiaque. "Compte tenu des antécédents, je pense que j’aurais dû avoir un meilleur suivi et une intervention plus précoce."

"Après le semi-marathon de Paris, j’ai fait mon premier accès de fibrillation atriale"

Pour le praticien, qui a exercé son métier pendant 44 ans en banlieue parisienne, tout a commencé à l’âge de 18 ans. "J’ai été hospitalisé pour une péricardite", à savoir une inflammation de la membrane qui recouvre le cœur et qui provoque des douleurs dans la poitrine. À 35 ans, il a souffert d’une myocardite, soit une inflammation du muscle cardiaque. Pendant quelques années, il a eu un peu de répit, mais à 55 ans, ses problèmes cardiaques sont de nouveau survenus. "J’ai toujours été sportif, mais à cet âge-là, je me suis mis à courir de manière plus intensive et à faire des compétitions. En 2005, après le semi-marathon de Paris, j’ai fait mon premier accès de fibrillation atriale", confie le patient.

Dans un premier temps, il n’a pas été traité. "Les accès étaient peu fréquents. Ils étaient d’allure vagale et ne se sont jamais manifestés à l’effort. Ils pouvaient se présenter après un repas, mais essentiellement la nuit." Au bout d’un certain temps, les médecins lui ont prescrit de la flécaine, un antiarythmique. "Avec ce traitement, que je prenais tous les matins, je n’ai fait aucun accès de fibrillation atriale, sauf lorsque j’oubliais de le prendre. Dans ce cas, c’était systématique. Un oubli et la nuit suivante, j’étais en fibrillation auriculaire. Ça durait plusieurs heures…"

Alors que son traitement était efficace pendant plusieurs années, en 2020, le sexagénaire souffre d’un nouveau symptôme. "Au bout d’un kilomètre de course, j’ai ressenti une douleur entre mes omoplates, qui a un peu bloqué ma respiration. J’étais forcé de m’arrêter, je m’étirais puis je repartais. À ce moment-là, j’avais l’impression que c’était une douleur par contracture musculaire", raconte Rolland. Étant donné que le symptôme persistait, il a décidé de faire une IRM. L’examen a mis en évidence différentes anomalies qui pouvaient expliquer ses douleurs. "J’ai continué à faire du sport, j’ai même fait de la musculation pour renforcer ma musculature paravertébrale."

Fibrillation atriale : "Je me sens très bien" depuis l’ablation par cryothérapie

Un jour, son fils, qui est aussi médecin, lui recommande fortement de faire un bilan cardiaque, car il pense que "ce n’est pas raisonnable". Le verdict tombe : une sténose interventriculaire est diagnostiquée. Les professionnels de santé lui posent ainsi un stent, ce qui a entraîné la nécessité d’arrêter son traitement avec la flécaine. En effet, ce médicament "est contre-indiqué en cas d’insuffisance coronarienne".

Cependant, le praticien à la retraite a continué à le prendre. "J’ai tardé, puis un jour, j’ai décidé d’arrêter. On m’a mis sous cordarone (antiarythmique) à raison de deux comprimés matin et soir. C’était une catastrophe !" Le traitement n’était pas efficace et le sexagénaire souffrait de nouveau d’accès quotidiens, nocturnes, prolongés. "Chaque soir, j’appréhendais d’aller m’allonger. Quand j’étais dans cette position, j’avais quelques dizaines de secondes de battements de cœur très rapides mais réguliers, et puis je basculais en ACFA. Ça durait des heures avec des soubresauts, un rythme cardiaque irrégulier et désordonné. Je ne pouvais pas dormir. C’était assez angoissant." Pendant six semaines, il a vécu un enfer, ce qui a entraîné une perte de deux ou trois kilos.

En mai 2021, Rolland décide de faire une ablation de sa fibrillation atriale par cryothérapie, qui consiste à aller détruire ou isoler des zones de tissu à l’origine de l’arythmie. "Depuis, c’est vraiment le jour et la nuit ! Je n’ai plus jamais fait d’accès. Je cours de nouveau, comme je le faisais auparavant, deux ou trois fois par semaine, trois quarts d’heure ou une heure. Je suis très content, je me sens très bien !" Bien que son état de santé cardiaque soit meilleur, le patient regrette d’avoir négligé son suivi. "J’ai toujours pensé qu’une ablation n’était pas complètement indiquée tant que la flécaine marchait et qu’il n’y avait pas de résistance au traitement. Si j’avais su, j’aurais eu recours à une ablation de la fibrillation atriale plus tôt."