- Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) touche de nombreux enfants. Des études ont montré qu'il est souvent accompagné de comorbidités, dont des troubles métaboliques, de l’asthme ou encore des caries dentaires.
- L’équipe de Cédric Galera, chercheur au Centre de recherche sur la santé des populations de Bordeaux et pédopsychiatre, a voulu mieux comprendre les liens et la temporalité entre les associations observées.
- Elle a par exemple découvert que le fait d’avoir des symptômes de TDAH pendant la petite enfance était associé à un IMC élevé au milieu de l’enfance et à l’adolescence ainsi qu’à des blessures non intentionnelles pendant l’adolescence.
On estime qu'entre 3,5 et 5,6 % des enfants scolarisés en France souffrent de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ce trouble du neurodéveloppement s’accompagne souvent de comorbidités, comme des troubles métaboliques, de l’asthme ou encore des caries dentaires. Des scientifiques de l’Inserm et de l’université de Bordeaux au sein du Centre de recherche sur la santé des populations, en collaboration avec des équipes au Royaume-Uni, en Suède et au Canada, ont souhaité faire la lumière sur ces observations.
TDAH : évaluer ses liens temporels avec certains troubles physiques
Afin de mieux comprendre les liens existants entre le TDAH et certains troubles physiques, l'équipe a analysé les dossiers de plus de 2.000 enfants participant à l'Étude longitudinale du développement de l'enfant du Québec. Vus à plusieurs reprises, ces jeunes participants ont été suivis de l’âge de 5 mois à 17 ans. Les chercheurs notaient entre autres la gravité de leurs symptômes de TDAH ainsi que leur état physique (état de santé général, maladies éventuelles…) lors des rencontres.
Les scientifiques ont ensuite réalisé des analyses statistiques de ces données pour mesurer les associations entre le fait de présenter des symptômes de TDAH et celui de développer certains troubles physiques ultérieurs ainsi que les liens entre le fait d'avoir des problèmes physiques pendant l’enfance et de développer le trouble du neurodéveloppement plus tard.
"Il s’agit de l’analyse la plus complète évaluant les liens temporels entre les symptômes du TDAH et un large éventail de conditions médicales, y compris les problèmes dermatologiques, les infections, les traumatismes, les conditions de sommeil et d’autres maladies chroniques. Nous avons cherché à évaluer les associations longitudinales possibles entre les symptômes du TDAH et un large éventail de conditions physiques, en tenant compte de plusieurs facteurs de confusion", explique dans un communiqué Cédric Galera, premier auteur de l’étude.
TDAH : un lien avec IMC élevé pendant l'enfance et l'adolescence
Avec ses travaux publiés dans la revue Lancet Child and adolescent health, l'équipe a mis en évidence que le fait d’avoir des symptômes de TDAH pendant la petite enfance était associé à un IMC élevé au milieu de l’enfance et à l’adolescence ainsi qu’à des blessures non intentionnelles pendant l’adolescence. En revanche, les jeunes volontaires ayant subi des blessures involontaires pendant la petite enfance étaient plus susceptibles de développer des symptômes du trouble du neurodéveloppement au milieu de l'enfance. Enfin, le syndrome des jambes sans repos pendant la petite enfance augmentait également le risque de TDAH ultérieur.
"En éclaircissant les liens entre le TDAH et différentes comorbidités, ainsi que l’échelle temporelle à laquelle elles se mettent en place, notre étude renforce l’idée que les problèmes de santé physique et mentale sont imbriqués, et souligne la nécessité pour les professionnels de santé de toutes les disciplines de mieux travailler ensemble. Il faudrait par exemple que les médecins puissent réorienter vers d’autres champs disciplinaires au besoin. Plus on intervient tôt, plus on prévient les risques évolutifs associés au TDAH", souligne Cédric Galera.
Les scientifiques poursuivent leurs travaux pour approfondir leur compréhension du lien entre les symptômes du TDAH pendant l'enfance et les comorbidités médicales non-psychiatriques. Ils étudient actuellement les données recueillies chez le jeune adulte, entre 20 et 25 ans, afin d'identifier d'autres associations potentielles.