Quatre millions de personnes infectées depuis le début de l’épidémie, 1,6 millions de français vaccinés , 24 décès cette dernière semaine... Nous sommes rentrés dans la phase aigue de l’épidémie de grippe A. Si bien que le gouvernement envisage de passer au niveau 6 d’alerte. Plusieurs mesures sont envisagées, les plus significatives étant la fermeture des établissements scolaires ou l’interdiction de rassemblements comme les rencontre sportives.
Mutations fréquentes. Ce scénario est d’autant plus plausible que les virologues évaluent les conséquences d’une mutation du virus. Deux patients français sont décédés récemment d’un virus H1N1 qui avait muté. Des cas ont aussi été recensés en Norvège, aux USA, en Chine, au Brésil...
Les mutations sont extrêmement banales pour les virus de la grippe. Comme tous les virus à ARN, ceux de la grippe se multiplient avec des enzymes, les polymérases, qui ne fonctionnent pas très bien. Selon les virologues, leur fréquence de mutation varie de 1 pour 10 000 à 1 pour 100 000. Or en quelques jours un malade héberge plusieurs milliards de virus... Mais, une mutation n’aboutit pas forcément à un nouveau type de virus. Dans le "cas norvégien", qui a été retrouvé en France le 27 novembre, il s’agit simplement d’une
modification génétique sur la position 222 de l’hémagglutinine, l’une des protéines du virus.
Vincent Enouf, chercheur au centre de référence de la grippe (Institut Pasteur, Paris):
Mais au cas où cette nouvelle variante circule dans la population, les vaccins utilisés en ce moment dans la campagne de vaccination restent efficaces. Car le lieu de mutation 222 de l’hémagglutinine n'intervient pas dans les mécanismes immunitaires.
Pr Bruno Lina, virologue, directeur de centre de référence contre la grippe à Lyon, et délégué général du Groupe d'étude et d'information sur la grippe (GEIG).
Une surveillance mondiale. D'autres mutations du virus sont probables cet hiver. Pour cette raison, les centres de référence ont l’œil sur tous les cas graves qui sont diagnostiqués.
Pr Bruno Lina
Les centres surveillent ainsi toute modification des virus grippaux susceptible d’accroître leur virulence, leur contagiosité, ou leur résistance aux traitements. Ces informations sont collectées au niveau mondial, et c’est seulement à ce niveau qu’un changement de vaccin pourra être décidé.
Pr Antoine Flahault, directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique.
Avec cette dernière hypothèse, est-ce que le système de soins va tenir ? La question est ouverte. Pour le Dr Jean-Marie Cohen, responsable du réseau GROG, le point de rupture se situe aux alentours de 11 nouveaux cas d’infections respiratoires aigu admis par jour dans un service de pneumologie , aujourd’hui nous en sommes à 6.
A noter, le gouvernement va embaucher 5000 personnes pour renforcer le dispositif dans les centres de vaccination et prévoit que, au rythme actuel, 30 millions de français seront vaccinés d’ici fin février.