Même si vous n’êtes pas tenu à des rendez-vous, à des horaires de transport ou tout simplement obnubilé par le temps qui passe, n’hésitez jamais à regarder votre montre : si elle est connectée et capable d’enregistrer votre rythme cardiaque, elle peut vous sauver la vie ! "Ces outils digitaux sont une révolution pour la surveillance du rythme cardiaque, ils permettent d’obtenir des tracés de très bonne qualité sur lesquels les médecins peuvent s’appuyer pour porter un diagnostic sur un dysfonctionnement du cœur", affirme le Pr Philippe Mabo, cardiologue au CHU de Rennes.
Un risque d'AVC lié à la fibrillation atriale
Et parmi ces dysfonctionnements qui peuvent parfois passer inaperçus ou être considérés comme anodins, il y a ceux liés à la fibrillation atriale, maladie qui fait actuellement l’objet d’une semaine d’action. Elle concernerait plus d’un million de personnes en France et, si elle n’est pas diagnostiquée et traitée, peut entraîner des événements de santé très graves, notamment un AVC. En effet, cette maladie qui génère des perturbations du rythme cardiaque empêche le cœur d’évacuer le sang remontant du système veineux, sang qui, en s’accumulant dans l’oreillette gauche, peut former des caillots dont le passage dans l’appareil circulatoire a de lourdes conséquences.
Un dépistage systématique de la fibrillation atriale préconisé dès 67 ans
C’est à tout âge, mais particulièrement après 65 ans, qu’il est important de surveiller régulièrement son rythme cardiaque. "Surtout si certains symptômes comme des palpitations, l’impression d’avoir le cœur qui s’emballe, un essoufflement à l’effort ou tout simplement une grande fatigue apparaissent, qui peuvent signaler une fibrillation atriale", explique le Pr Philippe Mabo. "Aujourd’hui, et c’est nouveau, on considère que le dépistage systématique de la FA doit être fait chez tous les patients âgés de plus de 67 ans surtout s’ils ont des facteurs de risque tels que l’hypertension artérielle ou un diabète", précise le cardiologue.
Evidemment, cette surveillance est encore plus nécessaire pour les patients qui ont déjà fait une complication de la fibrillation atriale comme un AVC ou qui sont en insuffisance cardiaque.
Un rythme cardiaque normal, ce sont 50 à 80 battements par minute
Dépister la FA, un geste qui peut sauver, certes, mais comment ? Il y a donc ces innovations, les outils connectés, qui permettent d‘avoir en permanence et sur la durée que l’on souhaite, une visibilité sur son rythme cardiaque. Mais d’autres méthodes existent et la plus simple, accessible à tout le monde et à tout moment, c’est la prise du pouls. Mais à condition de savoir comment réaliser cet "auto-examen" ! "Il faut placer un doigt au niveau du poignet ou de la carotide et mesurer le rythme des pulsations cardiaques qui doivent être de 50 à 80 battements par minute hors situations d’effort ou de stress et surtout être régulières", rappelle le Pr Philippe Mabo. Un pouls trop rapide, irrégulier, qui s’accélère et ralentit, qui "bat la chamade" justifie de consulter rapidement un médecin généraliste ou un cardiologue.
L'électrocardiogramme ne permet de diagnostiquer une FA que lorsque les symptômes se manifestent
Le diagnostic de FA peut, lorsque des anomalies du rythme cardiaque sont repérées, être réalisé à partir d’un électrocardiogramme. Mais attention : celui-ci ne peut servir d’outil de diagnostic que s’il est réalisé au moment d’une crise de fibrillation atriale, lorsque les symptômes de perturbation du rythme sont présents. D’où l’importance, en cas de suspicion de cette maladie, d’avoir recours à des examens permettant d’analyser le rythme cardiaque sur une longue durée. "On a à ce moment-là recours à un système qui utilise des électrodes placées sur le thorax et qui sont connectées à un petit boitier qui tient dans une poche et qui enregistre durant 48 ou 72 heures les variations de ce rythme, explique le Pr Mabo, mais il y a une méthode encore plus précise et qui permet d’avoir une visibilité encore plus longue, c’est celle qui repose sur des enregistreurs implantables qui peuvent monitorer le rythme cardiaque durant plusieurs semaines, voire des mois ou des années, et qui télétransmettent les informations aux médecins qui suivent les patients ainsi équipés".
"Un simple geste pour éviter des événements cliniques graves"
A l’occasion de cette semaine d’action sur la fibrillation atriale, la Société Européenne de Cardiologie insiste pour sa part sur l’importance de réaliser un électrocardiogramme en cas de symptômes pouvant annoncer une FA dès l’âge de 65 ans. Une recommandation que reprend à son compte le Pr Philippe Mabo en introduisant toutefois une nuance pour calmer les plus anxieux : "Dépister la FA est important, mais cela ne soit pas devenir une obsession ! Le simple geste de prendre son pouls régulièrement suffit à prévenir des événements cliniques qui peuvent être graves".