Bouche, sein, foie, œsophage, estomac… L’alcool est le deuxième facteur de risque évitables de cancers. Chaque année, il est à l’origine de 28.000 nouveaux cas. Pourtant, sa consommation chez les adultes mais aussi chez les mineurs est banalisée, considérée comme normale voire amusante ou festive, dans la culture française. C’est ce qu’a de nouveau confirmé une étude, réalisée par OpinionWay pour la Ligue contre le cancer, dont les résultats ont été publiés à quelques jours des fêtes de fin d’année.
Boire de l’alcool avant 18 ans est acceptable pour 70 % des Français
D’après le sondage, mené auprès de 1.225 personnes majeures et 528 parents de mineurs, 70 % des Français ne voit aucun problème à laisser des adolescents consommer une boisson alcoolisée avant 18 ans et 30 % avant 15 ans à l’occasion des repas de Noël et du nouvel an. Dans le détail, 27 % des adultes et 28 % des parents d’enfants pensent que faire goûter du cidre est acceptable avant 15 ans. Entre 15 et 16 ans, une partie des personnes interrogées estiment qu’il est acceptable de déguster une petite quantité de bière, de vin et de champagne. "Faire goûter des alcools forts (whisky, rhum, vodka) est acceptable entre 17 et 18 ans pour 36 % des Français et 44 % des parents ayant deux enfants de moins de 18 ans", peut-on lire dans l’enquête.
Autre constat : 32 % des Français estiment que les fêtes de fin d’année sont le bon moment pour faire goûter de l’alcool pour la première fois. Plus précisément, 50 % des parents estiment que ce n’est pas grave si un enfant de moins de 18 ans consomme une boisson alcoolisée pendant les repas festifs. Durant les fêtes, si des membres de la famille font goûter de l’alcool à des adolescents, 35 % des parents d’enfants de moins de 18 ans n’en tiendront pas rigueur à leur proche.
Une perception trop inoffensive de l’alcool
L’étude montre ainsi que certaines familles n’ont conscience du danger que représente l’alcool pour les jeunes et tout particulièrement du risque de développer une addiction liée à la consommation précoce de boissons alcoolisées. En effet, le cerveau, qui deviendrait adulte aux alentours de 25 ans, est plus particulièrement vulnérable aux substances psychoactives durant l’adolescence à cause de son processus de maturation inachevé.
Selon les chiffres, 35 % des adultes et 38 % des parents considèrent que boire de l’alcool avant ses 18 ans n’influence pas la consommation d’alcool à l’âge adulte pour 35 % des Français et 38 % des parents d’enfants de moins de 18 ans. Faire goûter un verre exceptionnellement aux adolescents est sans conséquence pour 41 % des Français.
"L’alcool rend malade, l’alcool tue"
"Notre pays a toujours eu une position ambiguë vis-à-vis de l’alcool. (…) Si les Français, et tout particulièrement les parents, sont conscients de la nécessité de réduire la consommation d’alcool et de l’interdire pour les plus jeunes, ils banalisent souvent leur propre consommation et celles de leurs enfants. Il est plus que temps en 2024 de mettre fin à cette ambiguïté délétère et de porter clairement des messages de prévention accompagnés d’actes concrets, comme cela commence à être le cas pour le tabagisme. En tant qu’association, il est de notre responsabilité de le répéter : l’alcool rend malade, l’alcool tue, nous devons tous agir à notre échelle", déclare Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.