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Pollution : les particules fines néfastes en-dessous des seuils

Par La rédaction

Une augmentation de 5 microgrammes par m3 de concentration de particules fines dans l'air accroît le risque de mourir de cause naturelle de 7%. Des résultats qui remettent en cause les seuils de pollution.

PAPIX/SIPA

« C’est la dose qui fait le poison ». Ce vieux principe toxicologique a du plomb dans l’aile. L’une des plus larges études jamais conduites sur le lien entre pollution atmosphérique et cancer du poumon vient en effet de remettre en cause cette idée. Selon cette publication du Lancet, l’exposition à long terme aux particules fines (PM 2,5) augmente le risque de mourir de cause naturelle. En fait, « nos résultats suggèrent que les l'impact délétère sur la santé des concentrations de particules fines dans l'air est mesurable même quand ces concentrations sont bien inférieures à la limite de 25 microgrammes par m3 fixée par l'Union Européenne », déclare le Rob Beelen, de l'université d'Utrecht aux Pays-Bas, principal auteur de l'étude.


Faut-il, du coup, abaisser les seuils de pollution autorisés ?

Les chercheurs qui ont rassemblé pas moins de 22 études européennes sur le sujet, soit 367 251 personnes, suivies pendant 13 ans en moyenne, ont pu mesurer qu’une hausse de pollution aux particules fines (PM2,5) de 5 microgrammes par m3 fait grimper le risque de mourir de cause naturelle de 7%. Et cette surmortalité serait plus marquée chez les hommes que chez les femmes.


Une précédente publication issue des mêmes études avaient montré que cette exposition faisait aussi grimper le risque de cancer du poumon de 18%. Et le constat était le même pour les particules PM10 : une augmentation de 10 microgrammes par m3 se traduit par une hausse du risque de cancer du poumon de 22%. Les auteurs de ce travail estiment donc qu'appliquer le seuil de qualité de l'air de l'OMS, fixé à 10 microgrammes par m3, pourrait être pertinent en terme de santé.


L’Institut de veille sanitaire est d’ailleurs favorable à ce que l’on accentue nos efforts pour réduire la pollution de l’air, et s’appuie sur l’étude Aphekom menée dans 25 agglomérations européennes dont 9 françaises pour montrer que cela aurait un réel impact. Six mois d’espérance de vie pour les plus de 30 ans et près de 1000 hospitalisations évitées chaque année pourraient être gagnés si les normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en matière de pollution atmosphérique étaient effectivement respectées.


La pollution, ennemie aussi du coeur
Accentuer la bataille contre la pollution se justifie aussi parce que la pollution ne s'attaque pas qu'à nos poumons.  Une autre étude parue elle aussi dans le Lancet révèle que la pollution atmosphérique augmente de 2 à 3% le risque d’hospitalisation et de décès à cause d’une insuffisance cardiaque. Jusqu’à maintenant, le lien entre pollution et infarctus du myocarde avait été démontré. « Là ce qui est complètement nouveau, c’est que les chercheurs démontrent qu’il y a un lien entre des pics de pollution et le nombre d’hospitalisations et de décès pour insuffisance cardiaque », confiait le Pr Yves Cottin, chef du service de cardiologie au CHU de Dijon, à pourquoidocteur en juillet dernier. Mais, il faut préciser que ces hospitalisations et ces décès se produisent chez des personnes déjà atteintes d’insuffisance cardiaque. Une concentration plus importante de micro-particules va provoquer une aggravation subite de la maladie.