"Des nouveaux traitements mis récemment sur le marché ont transformé la prise en charge et le pronostic des formes modérées et sévères de la dermatite atopique". Lors d’une conférence de presse, le docteur Marie Jachiet, dermatologue à l’hôpital Saint-Louis, a présenté les nouveaux traitements disponibles pour lutter contre l’eczéma (aussi appelé "dermatite atopique").
Eczéma : quels sont les traitements traditionnels ?
Le traitement de l’eczéma repose d’abord sur des soins locaux, c’est-à-dire les dermocorticoïdes en cas de poussées et les émollients à appliquer sur le corps pour restaurer la barrière cutanée. "Lorsque le traitement local est bien conduit, il permet en général de contrôler la dermatite atopique dans les formes légères", explique Marie Jachiet.
Si malgré des soins locaux bien conduits, la maladie reste sévère et active, d’autres médicaments de fond peuvent être nécessaires. "Le traitement systémique de l’eczéma en France repose sur la ciclosporine. Ce médicament immunosuppresseur a une autorisation de mise sur le marché pour la dermatite atopique de l’adulte en cas d’échec des traitements topiques", poursuit la dermatologue. "Cependant, la ciclosporine ne peut être prescrite que de manière limitée dans le temps. Son efficacité est souvent rapide mais le profil de tolérance est généralement limitant, avec un risque d’infections, d’insuffisance rénale, d’hypertension, de paresthésies, de troubles digestifs, d’hirsutisme, etc...", précise-t-elle.
Eczéma : focus sur les nouveaux traitements disponibles
Face aux limites et aux effets secondaires des traitements traditionnels de l’eczéma, de nouvelles thérapeutiques viennent de voir le jour. "En cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indication à la ciclosporine, des nouveaux traitements ciblés basés sur des biothérapies ou des anti-JAK (Janus-Kinase) peuvent être désormais utilisés", explique la médecin.
Deux biothérapies ont ainsi reçu une autorisation de mise sur le marché pour la dermatite atopique : le dupilumab et le tralokinumab. "Ces médicaments sont administrés par voie sous-cutanée tous les 14 jours avec un bon profil de tolérance", se félicite Marie Jachiet.
Concernant les anti-JAK, trois nouvelles molécules peuvent désormais être appliquées : le baricitinib, l’upadacitinib et l’abrocitinib. "Les anti-JAK sont des médicaments administrés par voie orale et un bilan biologique pré-thérapeutique est nécessaire avant leur prescription", précise la médecin. Attention cependant : "il a été décrit avec les anti-JAK un sur-risque de maladies cardiovasculaires, thrombo-emboliques et de cancers chez des patients à risques. Aussi, ces médicaments doivent être utilisés uniquement en l’absence d’alternative thérapeutique et avec précautions, notamment chez les plus de 65 ans", avertit le docteur.
"Les résultats obtenus avec ces nouveaux traitements dans les formes sévères de dermatite atopique sont vraiment intéressants. Entre 60 et 70 % de mes malades recevant ces molécules vont nettement mieux, avec plus de 75 % d’amélioration du score EASI (eczema area severity index)", conclut-elle.
"Il existe plusieurs formes d’eczéma"
La dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique. Elle concerne entre 4 et 5 % de la population française et débute souvent dans l’enfance. Elle peut être associée à d’autres pathologies comme l’asthme, la rhinite allergique, la conjonctivite allergique ou encore les allergies alimentaires.
L’eczéma se caractérise par des démangeaisons et des plaques inflammatoires/érythémateuses. Les lésions peuvent être diffuses ou localisées au niveau des plis du corps (coudes, genoux, poignets...).
Il existe plusieurs formes d’eczéma. Pour 60 % des personnes touchées, la dermatite atopique est légère avec un impact peu important sur la qualité de vie. 30 % des patients présentent une forme modérée nécessitant un traitement régulier et 10 % souffrent d’une forme sévère, qui a alors un retentissement important sur le sommeil et sur toutes les sphères de l'existence (vie professionnelle, vie sexuelle, vie de couple, etc).
La dermatite atomique est multifactorielle. Elle serait due notamment à une altération de la barrière épidermique ainsi qu’à une stimulation anormale du système immunitaire en lien avec des facteurs génétiques et environnementaux.