"La coagulation sanguine est le risque caché de la fibrillation atriale, parce que ce n’est pas intuitif." Le Pr François Schiele du CHU de Besançon est formel : si les symptômes de la FA, palpitations, essoufflement à l’effort, fatigue, sont parfois considérés comme des troubles sans réel danger par les patients atteints de cette maladie du rythme cardiaque, les premiers traitements à leur prescrire sont bien des anticoagulants. Ils permettent de limiter le risque d’un AVC "dévastateur", conséquence possible la plus dramatique de la fibrillation atriale.
La FA favorise la formation de caillots sanguins pouvant entraîner un AVC
Que se passe-t-il lorsque l’on est atteint de fibrillation atriale ? L’activité électrique des oreillettes qui sont la partie du cœur qui récupère le sang remonté par les veines et qui se vidangent vers les ventricules qui renvoient le sang dans le système circulatoire est, en cas de FA, désorganisée. Résultat, les contractions de l’oreillette deviennent chaotiques. "La conséquence de ce dysfonctionnement est que le rythme cardiaque devient plus rapide, jusqu’à 100 ou même 200 battements par minute, ce qui entraîne un risque d’insuffisance cardiaque, mais surtout, en l’absence d’une bonne vidange de l’oreillette, il y a la menace d’une formation de caillot sanguin pouvant entraîner une embolie systémique et un AVC", souligne Nicolas Lellouche, rythmologue à l’hôpital parisien Henri Mondor.
Les anticoagulants augmentent le risque hémorragique chez les patients les plus âgés
"C’est la raison pour laquelle les patients atteints de FA sont le plus souvent placés sous anticoagulants, précise le Pr François Schiele, même si ce n’est pas forcément systématique, notamment pour les patients les plus jeunes pour lesquels on peut se dispenser de cet élément de la prise en charge."
Les médicaments anticoagulants présentent en effet l’inconvénient d’augmenter considérablement le risque hémorragique. "Chez les patients les plus âgés, ce risque est extrêmement important, au point que l’on peut parfois s’interroger sur la poursuite d’un traitement", souligne François Schiele. Une mauvaise piste : une telle interruption augmenterait bien davantage le risque d’un AVC ischémique que le danger que représente le risque hémorragique. D’où l’importance pour les patients au-delà de 80 ans de poursuivre le traitement anticoagulant de façon quasi-définitive.
De nouveaux médicaments qui limitent le risque hémorragique
Mais pour aider face à ce choix cornélien pouvant se présenter, les laboratoires pharmaceutiques ont mis au point une nouvelle famille de médicaments appelés "nouveaux anticoagulants". "Ces traitements ont un effet anticoagulation au moins aussi efficace que les médicaments plus anciens et ils ont en plus l’avantage d’être plus stables et de limiter les contraintes liées au risque hémorragique", explique le Pr François Schiele. Sans supprimer toutefois complètement ce risque : "On ne peut pas avec ces nouveaux traitements totalement éviter d’éventuelles complications hémorragiques mais elles sont de toute façon moins fréquentes et moins graves que le risque d’AVC lié à une fibrillation atriale non traitée."