- Les Français dorment en moyenne une heure et demie en moins qu’il y a 50 ans, selon l’Inserm. Ils sont un tiers à souffrir de troubles du sommeil.
- Une étude révèle que la privation de sommeil, en plus de faire le lit de nombreux problèmes de santé physique, peut "saper notre fonctionnement émotionnel, altérer notre bonne humeur et nous exposer à un risque plus élevé d’anxiété".
- "Cela s'est produit même après de courtes périodes de privation de sommeil, comme une ou deux heures de sommeil en moins par rapport à d’habitude", souligne l’étude.
A terme, les troubles du sommeil, qui touchent un Français sur trois selon l’Inserm, peuvent avoir des conséquences dramatiques sur notre corps et notre cerveau : fatigue chronique, prise de poids, risque accru de maladies cardiovasculaires, problèmes de mémoire... Mais des nuits perturbées peuvent également s’avérer néfastes pour la santé mentale.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Psychological Bulletin, révèle ainsi que la privation de sommeil peut "saper notre fonctionnement émotionnel, altérer notre bonne humeur et nous exposer à un risque plus élevé d’anxiété".
La privation de sommeil associée à "moins d’émotions positives"
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs de plusieurs universités américaines se sont appuyés sur une méta-analyse de 154 études couvrant cinq décennies, avec un total de 5.715 participants âgés de 23 ans en moyenne. Dans toutes les expériences, les volontaires ont été perturbés dans leur sommeil pendant une ou plusieurs nuits : dans certaines, ils ont été maintenus éveillés durant une longue partie de la nuit ; dans d'autres, ils ont été autorisés à dormir mais moins que nécessaire ; dans d'autres encore, ils ont été réveillés périodiquement tout au long de la nuit.
Les chercheurs ont ensuite mesuré les différentes variables liées au fonctionnement émotionnel, "telles que l'humeur autodéclarée des participants, leur réponse aux stimuli émotionnels et les estimations des symptômes de dépression et d'anxiété", peut-on lire dans un communiqué.
Résultat, il est apparu que les diverses privations de sommeil ont généré, chez les participants, "moins d’émotions positives comme la joie, le bonheur et le contentement", et "davantage de symptômes d'anxiété tels qu'un rythme cardiaque rapide et une inquiétude croissante". Sans compter que le manque de dodo "atténuait l'excitation en réponse aux stimuli émotionnels".
Même "une ou deux heures de sommeil en moins" affecte notre mental
"Cela s'est produit même après de courtes périodes de privation de sommeil, comme une ou deux heures de sommeil en moins par rapport à d’habitude", souligne la chercheuse Cara Palmer, autrice principale de l’étude.
"Cette recherche [menée aux Etats-Unis] a révélé que plus de 30 % des adultes et jusqu'à 90 % des adolescents ne dorment pas suffisamment, note la scientifique. Ses implications en matière de santé individuelle et publique sont donc considérables dans une société largement privée de sommeil."
Les chercheurs projettent désormais d’étudier "les effets de plusieurs nuits de privation de sommeil", mais également "les différences individuelles qui font que certaines personnes sont plus vulnérables que d'autres aux effets de la perte de sommeil".