Les larmes des femmes contiennent des produits chimiques qui bloquent l'agression chez les hommes. Voici ce que mettent en évidence les travaux du chercheur Shani Agron de l'Institut des sciences Weizmann.
Sa découverte est détaillée dans un article publié dans la revue en libre accès PLOS Biology, le 21 décembre 2023.
Les larmes des femmes réduiraient les comportements agressifs de 40 %
Il est connu que les rongeurs mâles deviennent moins agressifs lorsqu'ils sentent les larmes des femelles. Ce phénomène d'interaction complexe entre des signaux olfactifs et certains comportements est appelé "chimiosignal social". Pour déterminer si les larmes pouvaient avoir le même effet chez les humains, les chercheurs ont exposé un groupe d'hommes à des larmes de femmes ou à une solution saline alors qu'ils jouaient à un jeu. Ce dernier a été conçu pour susciter un comportement agressif envers l’autre joueur. Les participants étaient amenés à croire que leur adversaire trichait, et qu'ils avaient - à certains moments - la possibilité de se venger en lui faisant perdre de l'argent.
Lors de cette expérience, l'équipe a remarqué que les comportements agressifs reposant sur la vengeance chutaient de plus de 40 % après que les hommes aient reniflé des larmes féminines.
Des examens par IRM ont également révélé que deux régions cérébrales liées à l'agressivité - le cortex préfrontal et l'insula antérieure - étaient plus actives lorsque les volontaires étaient provoqués pendant le jeu. En revanche, ces zones l'étaient beaucoup moins lorsqu'ils avaient senti des larmes.
"Individuellement, plus la différence dans cette activité cérébrale est grande, moins le joueur se venge au cours de la partie", précisent les auteurs dans le communiqué publié le 21 décembre.
Larmes : un signal chimique impliqué dans la chute de l’agressivité masculine
Pour les chercheurs, trouver ce lien entre les larmes, l'activité cérébrale et le comportement masculin implique que le "chimiosignal social" influence aussi l'agressivité humaine, et ne soit "pas simplement une curiosité animale".
Ils concluent leur étude en expliquant : "pris ensemble, nos résultats impliquent que, comme chez les rongeurs, un signal chimique lié aux larmes diminue l’agressivité masculine, un mécanisme qui repose probablement sur le chevauchement structurel et fonctionnel des substrats cérébraux de l’olfaction et de l’agressivité. Nous suggérons que les larmes sont un mécanisme à l’échelle des mammifères qui fournit une couverture chimique protégeant contre les agressions".