La maladie débilitante chronique (MDC) qui touche les cerfs, les rennes et les élans, est une pathologie à prions similaire à celle de Creutzfeldt-Jakob. Elle entraîne une dégénérescence du système nerveux central des animaux infectés. Une hausse importante des cas a été observée aux États-Unis ces derniers mois, conduisant les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), agence américaine de protection de la santé publique, ainsi que de nombreux scientifiques à faire part de leurs craintes concernant cette épidémie et ses conséquences.
Maladie du cerf zombie : de nombreux cas en Amérique du Nord, mais aussi en Europe
La maladie débilitante chronique est aussi appelée "maladie du cerf zombie". Elle doit son surnom aux symptômes qu’elle provoque. Ces derniers font, en effet, penser aux caractéristiques des créatures des films d’horreur : perte de poids drastiques, des tremblements, des trébuchements, un manque de coordination, une apathie ou encore une production excessive de salive. Par ailleurs, ce trouble neurodégénératif est mortel pour les cervidés touchés dans 100 % des cas.
Sa progression, ces dernières années, est particulièrement importante. Les CDC indiquent qu’en novembre 2023, des cas ont été repérés chez des cerfs ainsi que des wapitis et/ou des orignaux en liberté dans au moins 31 États américains ainsi que dans trois provinces canadiennes. Mais, l’Amérique du Nord n’est pas la seule touchée puisque des cervidés infectés ont aussi été signalés en Norvège, en Finlande et en Suède ou encore en Corée du Sud.
Pour Michael Osterholm, directeur du Centre de recherche et de politiques sur les maladies infectieuses de l'Université du Minnesota interrogé par The Guardian, cette situation est une "catastrophe à évolution lente". Toujours dans le journal britannique, le Dr Cory Anderson, spécialiste de cette pathologie, explique de son côté : "Nous sommes confrontés à une maladie invariablement mortelle, incurable et hautement contagieuse. L’inquiétude réside dans le fait que nous ne disposons pas d’un moyen simple et efficace pour l'éradiquer, ni des animaux qu’il infecte, ni de l’environnement qu’il contamine".
Épidémie de maladie débilitante chronique : la crainte d’une transmission à l’Homme
Pour les deux experts et nombre de leurs confrères, le risque le plus inquiétant avec la maladie du cerf zombie est une transmission à l’Homme. "L'épidémie de maladie de la vache folle en Grande-Bretagne a fourni un exemple de la façon dont, du jour au lendemain, les choses peuvent devenir folles lorsqu'un événement se propage, par exemple, du bétail aux êtres humains. Nous parlons de la possibilité que quelque chose de similaire se produise. Personne ne dit que cela va certainement se produire, mais il est important que les gens soient préparés”, prévient Dr Cory Anderson.
S’il n’y a pas encore eu de cas de propagation à l'Homme répertorié, des études suggèrent que la pathologie présente un risque pour certains types de primates qui entrent en contact avec des fluides corporels provenant d’animaux infectés. "Ces études font craindre qu'il puisse également y avoir un risque pour les personnes", notent les Centers for Disease Control and Prevention dans un rapport de 2021.
Maladie à prions chez le cerf : les précautions à prendre
Pour les autorités américaines, si "la MDC pouvait se propager aux êtres humains, ce serait probablement par la consommation de cerfs et de wapitis infectés". Elles invitent ainsi les chasseurs à prendre des mesures pour réduire le risque d’exposition à la maladie du cerf zombie.
Les CDC préconisent entre autres de ne pas poursuivre et de ne pas manger des animaux qui présentent des symptômes de la pathologie neurodégénérative ou un comportement étrange. Il est aussi préférable de manipuler la viande avec des gants ou encore de la faire tester avant de la consommer. Il ne faut pas, non plus, utiliser de couteaux ménagers ou d'autres ustensiles de cuisine pour dépecer un cervidé.