Les médicaments antirétroviraux, qui permettent de traiter les personnes séropositives au VIH, seraient-ils également efficaces contre la sclérose en plaques ? C’est ce que suggère une nouvelle étude publiée dans la revue Annals of Neurology et repérée par The Conversation.
Alors que des travaux antérieurs ont déjà montré que les patients atteints de sclérose en plaques (SEP) qui sont sous traitement antirétroviral pour le VIH constatent un ralentissement voire une disparition de la maladie, une équipe de scientifiques a voulu comprendre le potentiel lien entre le virus, les médicaments et la maladie auto-immune.
Un risque de sclérose en plaques réduit chez les patients sous traitement contre le VIH
Dans le cadre de son étude, elle a utilisé deux cohortes de patients vivant avec le VIH en Suède et au Canada, soit plus de 29.000 personnes. Au cours d’une période de suivi de dix ans en moyenne, seules 14 personnes séropositives ont développé une sclérose en plaques, soit 47 % de cas de moins que prévu (sur la base des chiffres de la population générale).
"Lorsque nous avons examiné spécifiquement les personnes qui avaient pris des médicaments antirétroviraux (presque tout le monde dans l'étude), et seulement après qu'elles aient commencé un traitement antirétroviral, nous avons trouvé 45 % de cas de SEP en moins que prévu", écrivent les deux autrices de la recherche, Kyla McKay et Elaine Kingwell. Autrement dit, le risque est réduit chez les personnes séropositives sous traitement antirétroviral, en particulier chez les femmes (72 % de cas en moins).
Les antirétroviraux protègent contre la sclérose en plaques
Il est impossible de dire si le virus/traitement antirétroviral peuvent être responsable de la réduction du risque de sclérose en plaques, mais les chercheuses proposent deux explications biologiques plausibles.
Le VIH entraîne une perte progressive de cellules immunitaires, les lymphocytes T. Ces mêmes cellules sont aussi impliquées dans la SEP, car elles initient la cascade d'événements conduisant à une inflammation du cerveau et de la moelle épinière. "En réduisant le nombre de lymphocytes T, l'infection par le VIH pourrait réduire la probabilité qu'une personne développe une SEP", avancent les chercheuses.
Toutefois, "le risque de SEP étant plus faible lorsque le virus du VIH est supprimé par des médicaments antirétroviraux", cela donne plutôt à penser que c'est le traitement qui joue un rôle, et non le virus. Si les antirétroviraux ont un effet protecteur contre le risque de sclérose ou la progression de la maladie, ce pourrait être parce qu’ils inhibent, par la même occasion, l’activité du virus Epstein-Barr, dont le rôle dans la sclérose en plaques est de plus en plus documenté.
Les chercheurs espèrent que leurs travaux ouvriront la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques, alors qu’il n’existe à ce jour aucun traitement véritable contre la progression de la maladie.