D’après l’étude individuelle nationale des consommations alimentaires (Inca) 3, menée en 2014-2015, 22 % des adultes de 18 à 79 ans et 14 % des enfants de 3 à 17 ans consomment des compléments alimentaires. Ces derniers sont définis par la Directive 2002/46/CE du Parlement européen, transposée par le décret n°2006-352 du 20 mars 2006 comme des "denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances.”
Rooibos, CBD, curcuma : ces substances seraient hépatotoxiques
Une nouvelle étude publiée dans la revue Critical Review in Toxicology pointe le potentiel hépatotoxique - c’est-à-dire qui provoque des dommages au foie - de certains compléments alimentaires. Il s’agit notamment de l’extrait de thé vert, du rooibos, du cannabidiol (aussi appelé CBD) ou encore du curcuma. D’après ces travaux, il y a déjà eu des signalements au sujet de ces substances pour des cas cliniques d'hépatotoxicité. Des études de toxicologie ont aussi montré leur caractère hépatotoxique.
Les auteurs estiment même que ces effets indésirables sont sous-estimés en raison des "fausses-idées” qui circulent à propos des comprimés, réputés bons pour la santé. Pour eux, l’industrie des compléments alimentaires est majoritairement responsable. Ils plaident pour une plus grande transparence pour ces produits et leurs effets secondaires.
Éviter les compléments alimentaires présentés comme miraculeux pour la santé
"La consommation de compléments alimentaires n’est pas un acte anodin, indique Aymeric Dopter, chef de l’Unité d’évaluation des risques liés à la nutrition de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans cet article. Sa banalisation conduit certains consommateurs à s’exposer à des risques sanitaires pour un bénéfice incertain. Loin de proscrire tout recours aux compléments alimentaires, l’Anses plaide en faveur d’un usage raisonné, au regard des besoins réels des consommateurs qui le plus souvent peuvent rééquilibrer leur alimentation en modifiant leurs habitudes alimentaires. Dans ce contexte, toute prise de complément alimentaire devrait être préalablement discutée avec un professionnel de santé.”
Pour limiter les risques induits par la consommation de compléments alimentaires, l’Anses recommande aussi d’éviter les prises prolongées, répétées ou multiples de compléments alimentaires, de respecter les conditions d’emploi, d’être vigilant quant aux produits présentés comme miraculeux et de privilégier les produits vendus dans les circuits les mieux contrôlés. Autrement dit, éviter les achats de compléments alimentaires sur Internet qui pourtant, depuis 2015, ont fortement augmenté passant de 1 à 11 % selon l'agence.