La semaine dernière, un chirurgien esthétique américain, le docteur Anthony Youn, a déclaré sur CNN que la consommation de cannabis pourrait favoriser le développement de la poitrine chez l’homme. Ce phénomène appelé gynécomastie en langage médical, serait en forte augmentation ces dernières années aux Etats Unis. Le nombre d’hommes ayant recours au bistouri pour se débarrasser de ces attributs typiquement féminins ne cesserait de progresser Outre-Atlantique et pour ce médecin, le principal coupable serait la marijuana.
23 000 réductions mammaires masculines en 2012 aux USA
Et pour étayer son alerte, le Dr Anthony Youn apporte quelques chiffres notamment issus de la Société américaine de chirurgie plastique (ASAPS). Il explique par exemple que la gynécomastie est un problème qui affecte environ 33 % à 41 % des hommes âgés de 25 et 45. Ce syndrome serait particulièrement fréquent pendant la puberté puisqu’il toucherait 60 % des garçons de 14 ans. Enfin, bien que ce spécialiste précise que la plupart des cas de gynécomastie disparaissent spontanément au bout de quelques mois ou de quelques années, il y aurait cependant selon lui, une réelle augmentation du phénomène ces dernières années. Selon l’ASAPS, en 2012 près de 23 000 hommes auraient subi une réduction mammaire, soit 30% de plus qu’en 2011. Actuellement ce serait même la 5ème chirurgie la plus pratiquée aux Etats-Unis.
Le cannabis déséquilibrerait la testostérone
Pour expliquer l’ampleur de ce phénomène, le Dr Youn met en cause la consommation croissante de cannabis. La gynécoplastie étant causé par un déséquilibre entre la testostérone et le taux d’œstrogène, lorsque l’hormone féminine prend le dessus sur l’hormone mâle, le tissu mammaire des hommes concernés se met alors à se développer de façon excessive. Or selon le Dr Youn, l’un des effets secondaires de la consommation de cannabis serait justement ce dysfonctionnement hormonal. « Des études animales ont montré que l'exposition à la substance active de la marijuana pouvait entraîner une diminution du taux de testostérone, une réduction de la taille des testicules et des anomalies au niveau de la qualité du sperme, ajoute le Dr Youn dans son article publié sur CNN. Chez l'homme en revanche, les effets de la marijuana sur les niveaux de testostérone et d'œstrogène ne sont pas aussi clairs. Des faibles taux de testostérone ont été observés chez les gros consommateurs de marijuana par rapport aux non-consommateurs, mais toutes les études ne sont pas concordantes ».
Analyser l’impact de la légalisation du cannabis dans certains Etats
Bien que l'association entre la marijuana et gynécomastie n'ait pas encore été prouvée de façon formelle, pour vérifier son hypothèse le Dr Youn fait des suggestions. Selon lui, il suffirait par exemple d’observer scientifiquement les effets exacts sur la santé et donc sur la poitrine des hommes de la légalisation de la marijuana dans certains états. Si un véritable lien entre le fait de fumer des joints et l’augmentation des tours de poitrine masculin est établi, dans ces Etats les chirurgiens esthétiques devraient s’attendre à un pic d’intervention dans les années à venir. « La majorité des chirurgiens plasticiens que j’ai interrogés, demande déjà à leurs patients atteints de gynécomastie s’il consomme du cannabis. Si c’est le cas, ils leur recommandent immédiatement d’arrêter, » conclut le Dr Youn.