En 2023, en France métropolitaine, 61.214 nouveaux cas de cancer du sein ont été dépistés. Selon les derniers chiffres 2023 du Panorama des cancers en France, il est le plus fréquent chez la gent féminine, représentant 33 % des tumeurs malignes, et le plus meurtrier. La mise au point de traitements performants est donc un enjeu très important.
La protéine ENPP1 agit sur l’immunothérapie
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs de l'Université de Stanford et de l'Arc Institute ont découvert qu'une protéine appelée ENPP1 pouvait agir comme un interrupteur marche/arrêt pour bloquer les métastases et contrôler la capacité du cancer du sein à résister à l’immunothérapie.
ENPP1 est une protéine produite par les cellules cancéreuses ainsi que par les cellules saines dans et autour de la tumeur. Pour vérifier son rôle dans le cancer du sein, les chercheurs l’ont testée avec une immunothérapie appelée Keytruda, dont le principe actif est le pembrolizumab. Ce traitement agit en utilisant les lymphocytes T, qui pénètrent dans la tumeur.
Ce médicament n’est efficace que sur les tumeurs dites “chaudes”, comme celles du mélanome et de certains cancers du poumon. Pour d’autres cancers, comme celui du sein et du pancréas, les tumeurs sont dites “froides”, ce qui signifie que les lymphocytes T ne peuvent pas accéder à la tumeur. Le but de l'équipe était de comprendre si ENPP1 pouvait agir sur l’efficacité de l’immunothérapie de tumeurs froides comme celles du cancer du sein.
Résultats : les scientifiques ont découvert que les patients atteints de cancers du sein qui avaient des taux élevés d'ENPP1 ne répondaient pas favorablement aux traitements d’immunothérapie et présentaient un risque élevé de métastases. En revanche, ceux dont les niveaux d'ENPP1 étaient plus faibles avaient une meilleure réponse à l’immunothérapie et aucune métastase.
Une protéine comme un interrupteur pour bloquer les métastases
Autrement dit, plus les chercheurs diminuent les niveaux d’ENPP1, plus les chances augmentent pour les patients : ils répondent mieux aux traitements d’immunothérapie, ont moins - voire pas - de métastases qui se développent et leur probabilité de rechute diminue.
Enfin, les chercheurs ont mené une dernière expérience sur des souris pour voir ce qu’il se passait s’ils éteignaient complètement l’interrupteur ENPP1. Pour cela, ils ont éliminé de l’organisme des rongeurs la protéine ENPP1 et ont observé une diminution de la croissance des tumeurs et des métastases. Cela signifie que baisser les niveaux d’ENPP1 est positif pour les patients, mais son élimination l’est aussi.
À terme, ENPP1 pourrait donc être utilisé dans le cadre de nouvelles immunothérapies. "Notre étude devrait offrir de l'espoir à tout le monde", assure Lingyin Li, l’un des auteurs, dans un communiqué.
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