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QUESTION D'ACTU

A la place des biopsies

Cancers : une prise de sang pour déceler les anomalies génétiques

Grâce à un nouveau prototype de filtre, une prise de sang pourrait améliorer le diagnostic des tumeurs. La technique servirait à éviter les biopsies, mais aussi à offrir le meilleur traitement au malade.

Cancers : une prise de sang pour déceler les anomalies génétiques VALINCO/SIPA




La biopsie bientôt remplacée par une prise de sang ? Même si ce n'est pas pour demain, c'est en tout cas le résultat auquel aimerait arriver Yvon Cayre, professeur d'hémathologie à l'université Pierre-et-Marie Curie de Paris. Pour cela, il a mis au point un nouveau prototype de filtre de détection des cellules cancéreuses qui permettrait de révéler certaines caractéristiques particulières des cancers. Le tout sans passer par cet acte invasif et parfois dangereux qu'est la biopsie. Sa technique repose, en effet, sur une simple prise de sang et un tube muni du fameux filtre. Ce prototype, l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif, le premier pôle de cancérologie en Europe, a accepté de le tester à partir du mois de janvier.

Responsable de ce projet, le  Dr Françoise Farace, directrice du laboratoire de biologie des cellules circulantes à l'IGR, répond aux questions de pourquoidocteur.

Comment marche le protoype de filtre mis au point par le Pr Yvon Cayre ?
Dr Françoise Farace
: Avec cette technique, on fait passer le sang à travers un filtre. Les cellules les plus petites du sang vont passer à travers les pores. Et les cellules les plus grosses ne vont pas réussir à passer dans les pores. Elles vont donc rester sur le filtre. Cette technique n'est donc pas basée sur des caractérisitiques propres des cellules tumorales mais uniquement sur leur taille.
Cette étude va démarrer à partir de janvier-février 2014 à l'Insitut Gustave Roussy. Nous allons procéder en plusieurs étapes. Tout d'abord, on va prendre du sang normal et y mettre des cellules tumorales. Si cette première phase est concluante, nous testerons l'expérience sur du sang de malade.


Avec ce filtre, nous sommes bien dans le diagnostic d'un cancer existant ?
Dr Françoise Farace : Il s'agit de rechercher une anomalie génétique dans des cellules tumorales circulantes. On sait déjà que le malade a un cancer, le diagnostic a déjà été fait. Et ce qu'on veut faire, c'est simplement de diagnostiquer une anomalie génétique dans ces cellules cancéreuses. C'est très important, parce que c'est la détection de cette anomalie génétique qui permettra de lui donner le bon traitement. Soyons bien clair, on ne parle pas du tout de dépistage d'un cancer.


Ce prototype pourrait-il être utilisé pour tous les types de cancer ?
Dr Françoise Farace :
Ce prototype va concerner toutes les tumeurs solides. Il sera toutefois plus intéressant pour certains cancers en particulier. Parmi eux, le cancer du poumon où il aura une utilité toute particulière. Dans cette pathologie, nous avons souvent à faire à de multiples anomalies génétiques pour lesquelles il existe des traitements spécifiques. Ce filtre peut les détecter. Et dans ce cas, on pourra ensuite mettre au point le traitement le plus adapté.
Autre exemple qui nous intéresse, celui du cancer de la prostate. Dans cette pathologie, on peut aussi détecter les anomalies génétiques. Mais malheureusement,  il n'existe toujours pas de traitements spécifiques à ces anomalies.




Ce prototype pourrait-il aussi éviter les biopsies que redoutent les patients ?
Dr Françoise Farace : C'est aussi le but en effet. De là à éviter 60 % des biopsies avec une simple de sang ? Rien ne le prouve pour le moment, et ces propos n'engagent que le Pr Yvon Cayre. Quoi qu'il en soit, cette étude est très encourageante pour l'avenir, car les biopsies sont toujours très délicates pour les patients et les médecins. C'est un examen lourd, invasif, qui se pratique sous anesthésie, et qui n'est pas sans risques. Et cela en particulier dans le cancer du poumon. Dans cette pathologie, elles sont souvent de mauvaise qualité, parce qu'on n'a pas beaucoup de latitude, et que quelquefois, on n'est pas vraiment dans la tumeur mais dans le tissu sain. Dans ce cas, la biopsie n'est pas assez riche. Pour toutes ces raisons, parfois, le diagnostic n'est pas fiable.







 

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