Phénomène à la fois naturel et aggravé par notre surconsommation d’antibiotiques, les bactéries peuvent devenir insensibles aux médicaments censés les détruire : on parle alors de résistance aux antibiotiques. Selon l’Inserm, des millions de décès dans le monde résultent ou sont associés à cette antibiorésistance.
Une équipe de scientifiques de l’Université A&M du Texas, aux Etats-Unis, dit avoir développé une méthode innovante pour lutter efficacement contre ces superbactéries récalcitrantes. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Des polymères capables de tuer les bactéries en perturbant leur membrane cellulaire
En laboratoire, les chercheurs ont pu synthétiser une nouvelle famille de polymères (des macromolécules résultant de l'assemblage de molécules identiques appelées monomères). Après avoir testé avec succès la toxicité de leurs polymères contre les globules rouges humains, ils les ont mis à l’épreuve contre deux principaux types de bactéries résistantes aux antibiotiques, E. coli et Staphylococcus aureus (staphylocoque doré).
Comme anticipé, les nouveaux polymères ont été capables de tuer les bactéries en perturbant la membrane de ces micro-organismes, le tout sans induire de résistance aux antibiotiques, peut-on lire dans un communiqué. "Ils pourraient aider à lutter contre l’antibiorésistance en fournissant des molécules antibactériennes qui fonctionnent par le biais d'un mécanisme contre lequel les bactéries ne semblent pas développer de résistance", explique Dr Quentin Michaudel, auteur principal de l’étude.
Une étape importante dans la lutte contre les superbactéries
"Un problème courant avec les polymères antibactériens est un manque de sélectivité entre les bactéries et les cellules humaines lorsqu'on cible la membrane cellulaire, poursuit-il. La clé est de trouver un bon équilibre entre l'inhibition efficace de la croissance des bactéries et la destruction de plusieurs types de cellules sans discernement."
Le Dr Michaudel et son équipe comptent désormais se concentrer sur l'amélioration de l'activité de ces nouveaux polymères contre les bactéries – en particulier, leur sélectivité en faveur des cellules bactériennes par rapport aux cellules humaines – avant de passer aux tests cliniques.