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Matière grise

TOC, schizophrénie, bipolarité... un réseau cérébral commun à six maladies mentales

Des scientifiques ont identifié dans le cerveau un réseau spécifique à la diminution de matière grise, commun à tous les diagnostics de pathologies mentales : le réseau transdiagnostique. 

TOC, schizophrénie, bipolarité... un réseau cérébral commun à six maladies mentales Chinnapong/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les troubles mentaux se définissent comme une altération majeure de l'état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement.
  • Des chercheurs ont découvert un réseau spécifique aux diminutions de matière grise, commun à tous les diagnostics de maladies mentales.
  • L'identification de ce réseau, nommé réseau transdiagnostique, devrait permettre de nouvelles avancées dans la compréhension et la prise en charge des pathologies mentales.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une personne sur huit dans le monde – soit 970 millions de personnes – vivait avec une maladie mentale, en 2019. Elles peuvent être définies comme une altération importante de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’une personne. Il existe plusieurs troubles mentaux différents. 

Réduction de la matière grise dans certaines zones du cerveau

Une équipe de chercheurs a souhaité connaître les régions du cerveau associées à plusieurs de ces troubles mentaux. Ils ont choisi six troubles majeurs : la dépression, l’anxiété, la schizophrénie, le trouble bipolaire, la toxicomanie et le trouble obsessionnel compulsif (TOC). 

Afin de les étudier, ils ont analysé les données cérébrales de 15.000 personnes. Certaines ne souffraient pas de maladie mentale et d’autres en présentaient. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Nature Human Behavior.

Chez les personnes atteintes de maladie mentale, certaines zones du cerveau sont touchées. Il s’agit de la cingulaire antérieure, une région liée aux émotions, et de l’insula, une zone associée à la conscience de soi. Dans ces zones, la matière grise est diminuée. Par ailleurs, ces régions du cerveau sont également affectées par les maladies neurodégénératives.

Les blessures sur le réseau transdiagnostique augmentent le risque de maladies mentales

Afin de mieux comprendre comment les troubles mentaux affectent spécifiquement le cerveau, les chercheurs ont analysé le connectome, une carte des connexions cérébrales humaines. Ils ont ainsi découvert un réseau spécifique à la réduction de la matière grise, commun à toutes les maladies mentales, il s'agit du réseau transdiagnostique. Ce qui compte dans la maladie mentale n’est donc pas le résultat de la diminution de la matière grise mais le chemin emprunté par cette altération.  

Pour poursuivre leur étude, les scientifiques ont analysé les dossiers médicaux de 194 vétérans du Vietnam qui présentaient une blessure au cerveau. Le but était de savoir si la zone touchée avait un impact sur les troubles mentaux diagnostiqués chez des vétérans. Les résultats ont été convaincants : ceux qui avaient été blessés dans le réseau transdiagnostique étaient plus susceptibles de souffrir de troubles psychiatriques. 

Des points communs entre troubles psychiatriques et cérébraux

Cependant, les chercheurs suggèrent que la diminution de la matière grise dans le cingulaire antérieur et l'insula ne serait pas la cause de la maladie mentale - contrairement à ce que l’on pensait - mais plutôt une conséquence. "Nous avons constaté que les lésions de ces régions — la cingulaire antérieur et l’insula — étaient corrélées à moins de maladies psychiatriques, donc l’atrophie de ce cingulaire et de cette insula peut être une conséquence ou une compensation de la maladie psychiatrique plutôt qu’une cause de celle-ci", détaille Joseph J. Taylor, l’un des auteurs, dans un communiqué.

Les scientifiques espèrent que la découverte de ce réseau transdiagnostique spécifique aux maladies psychiatriques mènera à de nouvelles recherches et de nouveaux progrès dans la compréhension et le traitement des troubles mentaux.

"Les troubles psychiatriques sont des troubles cérébraux, et maintenant nous commençons tout juste à avoir les outils pour étudier et moduler leurs circuits sous-jacents, conclut Joseph J. Taylor. Il peut y avoir plus de points communs entre ces troubles que nous ne le pensions initialement".

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