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Antibiorésistance

Bactéries résistantes : de nouveaux antibiotiques découverts grâce à l'IA

Par Stanislas Deve

En utilisant l’intelligence artificielle, des chercheurs ont identifié une nouvelle classe d’antibiotiques qui peuvent tuer des bactéries résistantes aux médicaments standards.

Richard Villalon / istock
Des chercheurs ont utilisé un modèle d’IA pour tester artificiellement 39.000 molécules et passer en revue 12 millions de substances déjà disponibles dans le commerce pour tenter de voir s'il y avait, parmi elles, un potentiel nouvel antibiotique.
Le modèle a identifié deux composés qui, testés sur des souris infectées au staphylocoque doré, ont permis de diviser par 10 la présence de bactéries résistantes. Une découverte qui ouvre la voie à des essais cliniques et à de nouveaux médicaments.
En 2019, 1,27 millions de décès dans le monde résultaient de la résistance aux antibiotiques et 4,95 millions y étaient associés, selon une étude de l’Inserm.

"Des candidats très prometteurs." Grâce à l'intelligence artificielle, une équipe de scientifiques a mis au jour une nouvelle classe d’antibiotiques capables de tuer une bactérie résistante aux médicaments, le staphylocoque doré, responsable à lui seul de 1,1 million de décès en 2019, selon une enquête du Lancet.

Des antibiotiques qui divisent par dix la présence de staphylocoques dorés

Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Nature, les chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de Harvard, aux Etats-Unis, ont utilisé un modèle d’apprentissage profond capable de faire des prédictions sur la puissance des antibiotiques – leurs propriétés antibactériennes mais aussi leur éventuelle toxicité sur les cellules humaines. Ils ont ainsi pu tester artificiellement 39.000 composés et passer en revue 12 millions de substances déjà disponibles dans le commerce pour tenter de voir s'il y avait, parmi elles, un potentiel nouvel antibiotique.

Le modèle d’IA a permis d’identifier "deux composés, de la même classe, qui semblent être des candidats antibiotiques très prometteurs", peut-on lire dans un communiqué. Après avoir été testés sur des souris infectées au staphylocoque doré, il s’est avéré que chacun de ces composés avait permis de diviser par 10 la présence de bactéries résistantes. "[Ils] semblent tuer les bactéries en perturbant leur capacité à maintenir un gradient électrochimique à travers leurs membranes cellulaires", précisent les chercheurs.

De nouvelles molécules avec des effets indésirables minimes

A noter, par ailleurs, que cette classe d’antibiotiques n’est "pas toxique pour les cellules humaines", car "les molécules attaquent les membranes cellulaires bactériennes de manière sélective, d'une manière qui ne subit pas de dommages substantiels dans les membranes cellulaires humaines". Les effets indésirables sur le corps humain sont donc "minimes".

Avec cette nouvelle famille de molécules, qui jusqu’ici n’était pas connue pour son activité antimicrobienne, l’équipe de chercheurs espère ouvrir la voie à de futurs essais cliniques et à des médicaments efficaces contre tous les types de bactéries résistantes aux antibiotiques, associées à près de 5 millions de décès à travers le monde.