L’hydroxychloroquine, prescrite chez des patients hospitalisés atteints de Covid-19 "malgré les preuves de faible niveau", serait responsable de près de 17.000 décès au début de la pandémie, d’après une récente étude publiée dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy et consultée par France Inter.
Ce traitement méconnu, utilisé initialement pour le paludisme et administré contre le coronavirus en dehors de toute validation des autorités, est devenu célèbre avec sa médiatisation par le professeur Didier Raoult, à l’IHU de Marseille, lors de la première vague de la crise sanitaire en France en 2020.
Surmortalité chez les patients atteints du Covid-19 soignés à l'hydroxychloroquine
Pour arriver à ce constat, les scientifiques – du CHU de Lyon, entre autres – ont observé la surmortalité chez les patients atteints du Covid et traités à l'hydroxychloroquine dans six pays (France, Etats-Unis, Belgique, Italie, Espagne et Turquie) dont les données étaient disponibles, autrement dit, le nombre de patients hospitalisés, leur taux de mortalité et le taux de prescription de l’hydroxychloroquine, afin de calculer le nombre de patients morts du virus et ayant été traités avec le médicament.
Résultat, le nombre de décès chez les patients hospitalisés est estimé à 16.990 dans ces six pays, peut-on lire dans l’étude. Parmi eux, 13.000 proviennent des Etats-Unis et 200 de France. Ces dernières années, d’autres travaux avaient déjà montré une surmortalité de 11 % chez les patients atteints du Covid soignés à l'hydroxychloroquine.
L’hydroxychloroquine associée à des troubles du rythme cardiaque
"Cela confirme que les patients souffrant d'un Covid et qui reçoivent ce médicament ont plus de risque de mourir que ceux qui ne le reçoivent pas", assure l'épidémiologiste Pierre Tatevin, chef du service des Maladies infectieuses du CHU de Rennes, au micro de France Inter. Celui qui avait été l'un des premiers à contester son usage rappelle que le médicament "peut donner des troubles du rythme cardiaque" s’il est "mal dosé, donné à trop forte dose ou sur des cœurs fragiles".
Les auteurs de l’étude admettent que ces milliers de morts ne pourraient être que la partie émergée de l'iceberg, dès lors que les chiffres de certains grands pays où le médicament a été massivement utilisé, comme l’Inde ou le Brésil, n'existent pas encore. Par ailleurs, le bilan ne prend en compte que les patients soignés à l'hydroxychloroquine lors de la première vague, entre mars et juin 2020, mais le traitement a continué à être donné par la suite, avec un taux de prescription très variable d’un pays à l’autre (de 2 à 92 %).