Un Français sur dix affirme faire assez/très fréquemment l’expérience de troubles de la mémoire, selon un sondage Odoxa. Cela représente pas moins de 6 millions de Français adultes.
Un lien entre le sommeil et la mémoire
Le sommeil est très important pour la mémoire. À court terme, il permet, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), d’améliorer la capacité de mémorisation. À long terme, l’Inserm ajoute que plusieurs études ont montré un lien entre troubles du sommeil et altération des capacités cognitives.
En ce sens, des chercheurs viennent de publier une nouvelle étude qui montre un lien entre la qualité du sommeil et les problèmes de mémoire. Leurs travaux sont parus dans la revue Neurology.
"Les signes de la maladie d'Alzheimer commencent à s'accumuler dans le cerveau plusieurs décennies avant l'apparition des symptômes, comprendre le lien entre le sommeil et [les performances cognitives] est essentiel pour appréhender les problèmes de sommeil comme facteur de risque de la maladie, explique Yue Leng, l’un des auteurs, dans un communiqué. Nos résultats indiquent que c’est davantage la qualité du sommeil que la quantité qui est la plus importante pour la santé cognitive."
Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont suivi pendant 11 ans plus de 500 personnes âgées en moyenne de 40 ans. Ils ont analysé la durée et la qualité de leur sommeil grâce à un moniteur d’activité qu’ils portaient au poignet deux fois pendant trois jours à un an d’intervalle. En parallèle, ceux-ci devaient indiquer leurs heures de coucher et de lever et évaluer la qualité de leur sommeil avec des scores allant de 0 à 21, de la meilleure à la pire qualité. Enfin, les chercheurs ont aussi évalué la fragmentation de leur sommeil, c’est-à-dire les interruptions pendant qu’ils dormaient, ainsi que leurs capacités cognitives, grâce à des tests de mémoire et de réflexion.
2 fois plus de risques de mauvaises performances cognitives à la cinquantaine
Résultats : sur les 175 personnes dont le sommeil était le plus perturbé, 44 avaient de mauvaises performances cognitives 10 ans plus tard, contre 10 des 176 personnes dont le sommeil était le moins perturbé.
Les chercheurs ont ensuite ajusté ces premières données en fonction de divers critères (âge, sexe, éducation, etc), mais le lien entre sommeil et mémoire persistait : les personnes dont le sommeil était le plus perturbé avaient plus de deux fois plus de risques d'avoir de mauvaises performances cognitives à la cinquantaine que celles dont le sommeil était le moins perturbé.
"D’autres recherches sont nécessaires pour évaluer le lien entre les troubles du sommeil et les capacités cognitives à différentes étapes de la vie et identifier si certaines périodes de la vie sont plus critiques, [c’est-à-dire si le sommeil aurait plus d’impact sur les performances cognitives à certains moments], indique Yue Leng. Ces études pourraient offrir de nouvelles pistes pour la prévention de la maladie d'Alzheimer."