15 % de la population mondiale souffre de migraine. Cette maladie neurologique qui impacte la vie quotidienne et sociale, reste mystérieuse sur de nombreux points. Mais des chercheurs de l'université de Californie ont fait une découverte améliorant la compréhension de cette pathologie chronique.
Les résultats de leurs travaux, publiés dans la revue Headache: The Journal of Head and Face Pain, leur permettent d'avancer que des changements de flux sanguin dans la rétine pourraient expliquer pourquoi certains patients migraineux ont des symptômes visuels, connus sous le nom d'auras (points lumineux, taches colorées, perception déformée des objets, vision floue...).
Migraine avec aura : des changements de flux sanguin dans la rétine découverts
Pour tenter de comprendre pourquoi certains migraineux avaient des troubles visuels et d'autres non, l'équipe d'UCLA Health a utilisé une technique d'imagerie non-invasive, appelée angiographie par tomographie par cohérence optique (OCTA). Cette méthode leur a permis de visualiser les vaisseaux sanguins de la rétine de 37 patients ayant des migraines avec aura, 30 migraineux sans aura visuelle et 20 personnes sans trouble formant le groupe témoin. Les chercheurs ont ainsi pu observer les schémas de circulation sanguine dans la rétine avant, pendant et entre les crises de migraine.
L'analyse des données obtenues a révélé que le flux sanguin dans la rétine diminue pendant les crises, tant chez les patients migraineux avec que sans symptôme d'aura. Cependant, les individus présentant des symptômes d’aura avaient un flux sanguin inférieur dans certaines zones de la rétine par rapport à ceux sans symptômes d’aura. De plus, il a été observé que le flux sanguin asymétrique dans la rétine était lié au côté de la tête où les malades ressentaient la douleur. Ainsi, les changements de flux sanguin dans la rétine pourraient jouer un rôle dans l'apparition des symptômes visuels associés aux migraines.
Flux sanguin dans la rétine : un outil pour mieux identifier les migraineux ?
Selon les chercheurs, ces découvertes améliorent la compréhension de la migraine avec aura et pourraient faciliter aussi le diagnostic des migraines grâce aux particularités du flux sanguin identifiées. "Ces résultats indiquent que les changements du flux sanguin dans la rétine pourraient faire partie de la physiopathologie de la migraine, et que des signatures vasculaires rétiniennes distinctes identifiées par l'OCTA pourraient représenter des biomarqueurs de la migraine", écrivent les auteurs dans leur article.
Toutefois, pour que les variations du flux sanguin rétinien soient utilisées comme biomarqueurs de la migraine, il faudra de nouvelles études pour établir "une base de données normative plus robuste de ces paramètres" pour faire la différence entre les migraineux et les personnes sans trouble et "explorer davantage les implications des changements vasculaires de la rétine dans la physiopathologie de la migraine".