- Une nouvelle étude sur des souris confirme le lien entre l'exposition à l'arsenic et le diabète de type 2.
- Toutefois, seules les souris mâles exposées à l’arsenic présent dans l’eau potable développaient du diabète. Ce n’était pas le cas des femelles.
- Les femelles pourraient être protégées par les hormones sexuelles féminines.
Des études menées au Bangladesh et au Mexique - où des niveaux endémiques d'arsenic supérieurs aux limites de sécurité ont été observés - ont montré une association entre une exposition à cet élément et le diabète de type 2. Des travaux de Cornell University confirment que des taux élevés d'arsenic augmentent les risques de développer la maladie. Toutefois seuls les hommes semblent être concernés par ce facteur de risque.
Les résultats de cette nouvelle recherche ont été présentés dans la revue Environmental Health Perspectives, le 27 décembre 2023.
Diabète de type 2 : une exposition chronique à l'arsenic augmente le risque
Pour mieux comprendre le lien entre l'arsenic et le diabète de type 2, les chercheurs de Cornell University ont travaillé avec des souris de laboratoire génétiquement modifiées avec un gène humain leur permettant d'exprimer une enzyme présente chez l'Homme, appelée AS3MT et destinée à métaboliser l'arsenic. Ces rongeurs ainsi que des spécimens non modifiés ont été exposés pendant un mois à des doses d'arsenic dans l'eau potable non-mortelles, mais suffisantes pour potentiellement favoriser le diabète de type 2. Leur foie et leurs tissus adipeux blancs ont ensuite été analysés.
Les résultats ont montré que les souris mâles exposées à l'arsenic présentaient une expression accrue des gènes liés à la résistance à l'insuline, ainsi qu'un biomarqueur appelé miR-34a fortement associé à la résistance à l'insuline dans le diabète de type 2 et d'autres maladies métaboliques. Ce phénomène n'était pas observé chez les femelles ainsi que les animaux "témoins".
"Cela suggère que miR-34a est potentiellement un moyen de dépister les individus qui vivent dans des zones où les niveaux d'arsenic sont endémiques", explique la première auteure Jenna Todero dans un communiqué. "Si vous avez un taux élevé de miARN-34a, vous pourriez présenter un risque d'apparition d'un diabète de type 2 ou d'un autre dysfonctionnement métabolique."
Arsenic et diabète : les femelles pourraient être protégées par l'œstradiol
La nouvelle étude a également permis à l'équipe d'identifier le rôle du facteur de transcription (protéine qui régule les gènes, NDLR) Klf11, présent dans le foie, dans la protection contre le diabète. Les analyses montraient qu'il était absent chez les souris mâles humanisées exposées à l'arsenic. Or ces rongeurs avaient des caractéristiques du diabète telles qu'une résistance à l'insuline et une glycémie à jeun élevée. Encore une fois, les femelles modifiées génétiquement et le groupe témoin ne présentaient pas cette particularité, ni ces signes du diabète.
"C'était vraiment passionnant, car nous avons montré que des gènes très importants pour des choses comme la régulation du glucose ou du métabolisme des lipides semblent être des cibles pour Klf11", ajoute Jenna Todero.
Chez les souris "humanisées" femelles, les chercheurs ont trouvé des preuves d’une expression élevée de gènes qui soutiennent la sensibilité à l’insuline. "Nous avons constaté l'effet inverse chez les femmes, où l'expression des gènes favorisant la sensibilité à l'insuline et l'absorption du glucose a augmenté.", indique l'experte. Elle précise que des travaux antérieurs suggèrent que l'œstradiol, une hormone sexuelle féminine, pourrait jouer un rôle dans les différences observées entre les femmes et les mâles exposés à l'arsenic.
Les travaux de Cornell University mettent en garde sur les risques potentiels de l'exposition à l'arsenic pour le développement du diabète de type 2, en particulier chez les hommes.