Pour la première fois, des "mini-cerveaux" ont été cultivés à partir du tissu cérébral d’un fœtus. Les organoïdes n'ont que la taille d'un grain de riz, mais ils pourraient offrir une toute nouvelle façon d'étudier le développement du cerveau et ses maladies.
Estomac, reins... la recherche sur les organoïdes a explosé ces dernières années. "Jusqu'à présent, nous pouvions obtenir des organoïdes à partir de la plupart des organes humains, mais pas à partir du cerveau. Il est vraiment passionnant de voir que nous avons réussi à franchir cet obstacle", a expliqué le professeur Hans Clevers, codirecteur du projet, dans un communiqué de presse.
Son équipe, rattachée au Centre Princesse Máxima d'oncologie pédiatrique aux Pays-Bas, a découvert que la clé consistait à utiliser de petits morceaux de tissus entiers plutôt que des cellules individuelles (comme c'est le cas pour les organoïdes créés à partir d'autres organes, NDLR).
A quoi servent les "mini-cerveaux" cultivés à partir d’un fœtus ?
Les "mini-cerveaux" se développent volontiers en laboratoire pendant plus de six mois et peuvent être multipliés, ce qui signifie que les scientifiques peuvent répéter leurs expériences dessus.
Les tissus fœtaux utilisés dans la recherche ont été donnés par des femmes ayant subi une interruption de grossesse entre 12 et 15 semaines de gestation. Les donneuses sont restées anonymes et ont consenti au préalable à l'utilisation des tissus dans le cadre de la recherche.
Deux expériences faites sur les "mini-cerveaux" cultivés à partir d’un fœtus
Deux expériences ont déjà été réalisées sur les mini-cerveaux. L'équipe du professeur Hans Clevers a d’abord décidé de tester leur potentiel dans la modélisation du cancer du cerveau. En utilisant l'édition de gènes CRISPR-Cas9, ils ont muté un gène du cancer appelé TP53. Au bout de trois mois, les cellules mutées avaient pris le dessus, comme le font les cellules cancéreuses.
Plus tard, les scientifiques ont utilisé la même technique pour modifier trois gènes associés au glioblastome et ont testé l'effet de certains médicaments anticancéreux sur les organoïdes mutants.
"Nous sommes ravis d'explorer l'utilisation de ces nouveaux organoïdes pour faire de nouvelles découvertes sur le cerveau humain", a déclaré le Dr Delilah Hendriks, co-responsable de l’expérience.
La recherche rapportant tous les faits évoqués dans cet article est publiée dans la revue Cell.