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Cancer

Vaccin HPV dans les collèges : quels sont les premiers résultats de la campagne ?

Par Sophie Raffin

La Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) a dressé un premier bilan de la campagne de vaccination contre les infections à papillomavirus (HPV) dans les collèges lancée en octobre, lors de son 47e Congrès National, organisé ce 11 janvier 2024 à Montrouge.

Manjurul/istock
Une campagne de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges de France a été lancée pour les élèves de 5e.
L'objectif des professionnels de santé était d'atteindre 30 % d'enfants vaccinés. Mais la campagne a eu un faible succès dans les écoles.
Pour le SFCPCV, il faut améliorer la procédure autour du consentement et l'information des parents et des adolescents sur le HPV.

Si la couverture vaccinale contre les infections à papillomavirus (HPV) est supérieure à 70 % dans de nombreux pays dont le Portugal, la Belgique ou encore le Royaume-Uni, la France est très à la traîne. Dans l’Hexagone, moins de 50 % des jeunes filles et moins de 13 % des garçons de moins de 15 ans ont reçu au moins une dose du vaccin qui permet de lutter contre ce virus responsable de plusieurs cancers. Pour rattraper son retard, la France a lancé une campagne de vaccination contre le HPV s’adressant aux élèves de 5e dans les collèges lors de la dernière rentrée. La Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) a profité de son 47e Congrès National pour faire un premier bilan sur cette mesure.

Vaccination HPV dans les collèges : l’objectif n’est pas atteint

Pour cette première campagne de vaccination contre le HPV dans les collèges, les professionnels de santé ont voulu se fixer un objectif raisonnable. “Notre cible est d’atteindre au moins 30 % de collégiens vaccinés.”, explique Pr Geoffroy Canlorbe. Mais les premières données laissent penser que ce taux ne sera pas atteint pour cette édition.

Concernant le taux de vaccination effectué au sein des établissements scolaires, seules les données de la région Grand Est sont disponibles. Mais ils sont déjà révélateurs d'un faible engouement. Aucun de ses 10 départements, n’a atteint l’objectif des 30 % vaccinés. Les 3 meilleurs élèves ont été la Meuse (25,5 % de la population éligible), la Marne (20,6 %) et la Haute-Marne (20,2 %). Et, le taux global de vaccinés par rapport à la population éligible pour la région tourne autour de 11 %.

Si les ARS des autres régions n’ont pas encore transmis les résultats des campagnes de vaccination, certaines ont pu donner le taux d’acceptabilité. C'est-à-dire le pourcentage de parents ayant accepté de faire vacciner leur enfant au collège. Si la Bretagne a en effet obtenu 30 % de réponses positives, les taux sont plus faibles dans les autres régions : 13 % en Occitanie, 15,7 % en Corse, 20,56 % en Centre Val de Loire ou encore 21,4 % en Nouvelle-Aquitaine.

"Toutefois, cela ne veut pas forcément dire que les adolescents ne sont pas vaccinés. Les parents peuvent aussi refuser, car l’enfant est déjà vacciné ou qu’ils préfèrent le faire avec leur médecin traitant", tempère Pr Geoffroy Canlorbe.

Campagne de vaccination HPV : favoriser le consentement et l’information

Les réponses plutôt frileuses des familles à ces premiers mois de campagne de vaccination contre le HPV ont permis à la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) de voir plusieurs pistes pour améliorer la couverture vaccinale.

"Une des lourdeurs de la campagne vaccinale est d’obtenir une feuille d’autorisation correctement complétée et signée par les deux parents", explique Pr Geoffroy Canlorbe. Pour contrer cela, l’organisation propose la mise en place de :

L’autre piste est d’améliorer la communication sur les bénéfices apportés par le vaccin avec la mise en place de réunions d’information des parents sur la campagne, sensibiliser les adolescents par des expositions, des flyers ou des vidéos sur le sujet, ou encore des échanges sur le sujet lors du bilan vaccinal en 6e fait par les infirmiers scolaires.

Pour le SFCPCV, informer sur le HPV et son vaccin est la clé pour favoriser l’adhésion.

"L’efficacité du vaccin a été confirmée par de nombreuses études au cours de la dernière décennie", rappelle l’expert. Il donne l’exemple d’une étude Lancet menée au Royaume-Uni où le taux de couverture vaccinale est de 80 % depuis 2008. En reprenant plus de 10 ans de données, les chercheurs ont remarqué une réduction des lésions précancéreuses de 39 % si la vaccination avait eu lieu entre 16 et 18 ans, 75 % si elle a été faite entre 14 et 16 ans et 97 % si elle a été réalisée entre 12 et 13 ans. Le risque de cancer du col de l’utérus était lui diminué respectivement de 34 %, 62 %, 87 % selon les classes d'âge. “Les scientifiques ont calculé que 17.235 lésions précancéreuses et 448 cancers ont été évités grâce à la campagne de vaccination mise en place aux Royaume-Uni”.

L’infection à papillomavirus (HPV), sexuellement transmissible, n’est d’ailleurs pas uniquement un facteur de risque de cancer du col de l’utérus. Ce virus peut aussi favoriser le cancer de la sphère ORL, des voies aéro-digestives supérieures, du pénis, de l’anus ou du vagin. On estime que les papillomavirus sont responsables de plus de 6.400 cancers par an en France.