Sur les réseaux sociaux, de nombreux posts assurent qu’il "faut éviter de manger pour affamer les tumeurs" et prêtent ainsi des effets anti-cancer aux jeûnes. L’Inserm a fait le point sur cette idée souvent partagée dans sa rubrique Canal Détox.
Restriction calorique et cancer : les tumeurs ne se nourrissent pas que de sucre
Dans les années 30, le médecin Otto Warburg a démontré que les cellules cancéreuses ont besoin de beaucoup d’énergie pour se développer et consomment ainsi plus de sucres que les cellules saines. C’est d’ailleurs cette particularité qui permet de voir la majorité des tumeurs dans l’organisme lors des examens par imagerie.
"Rien d’étonnant dès lors à ce que l’idée de priver les tumeurs de carburant pour ralentir leur évolution fasse l’objet de nombreuses recherches depuis les années 1940", remarque l'Inserm dans son article. Certaines travaillent sur des médicaments empêchant les cellules tumorales de capturer ou utiliser des ressources énergétiques, d’autres planchent sur la restriction calorique.
"Cependant, l’équation est loin d’être simple, car en voulant "affamer" les tumeurs, c’est l’ensemble de l’organisme que l’on risque d’affaiblir. Les cellules tumorales ne sont pas les seules à avoir besoin de glucides ; les cellules musculaires, cardiaques, hépatiques ou cérébrales aussi", note l’organisme scientifique.
Par ailleurs, les cellules cancéreuses ont de très grandes capacités d’adaptation. Il a été prouvé qu’en l’absence de sucre, elles vont chercher leur énergie ailleurs, notamment dans les lipides ou les protéines.
"Par ailleurs, en grossissant, les tumeurs auraient tendance à privilégier davantage les acides gras et auraient même la capacité de fabriquer leurs propres lipides. En d’autres termes, les cellules tumorales ont de la ressource."
Jeûne intermittent et cancer : des bienfaits "pas scientifiquement prouvés"
Pour déterminer si le jeûne pouvait aider à lutter contre le cancer, le réseau Nutrition Activité Physique Cancer Recherche (NACRe) a compilé l’ensemble des études menées sur le sujet entre la fin des années 1940 et 2017. Si certains travaux sur des animaux montrent les bénéfices de cette pratique, d'autres n'établissent aucun effet ou mettent en évidence des conséquences délétères sur la croissance tumorale, voire le taux de survie des patients.
Un rapport de l’Inserm datant de 2014 a, de son côté, mis en évidence que les recherches menées sur l’humain reposent sur des échantillons faibles ou des méthodologies discutables. L’Inserm conclut : "si le jeûne à visée thérapeutique est à la mode, les experts sont donc formels : il s’agit d’une pratique dont les bienfaits ne sont pas aujourd’hui scientifiquement prouvés chez les patients atteints de cancer, et qui comporte des risques". Les experts rappellent par ailleurs que "la dénutrition serait directement responsable de 5 à 25 % des décès chez les personnes atteintes d’un cancer".
L’organisme ajoute que chaque cancer étant spécifique, il faudra de "nombreux travaux pour confirmer ou infirmer les bienfaits d’un régime restrictif ou du jeûne".
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