Voilà quelques années que cette question se pose : l'aspartame est-il mauvais pour la santé ? Non, si l'on en croit la réponse de l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). Elle a conclu son évaluation complète des risques associés à ce célèbre édulcorant : les niveaux actuels d'exposition sont sûrs, affirme-t-elle. Pour parvenir à ces conclusions, l'EFSA a effectué une revue complète de la littérature scientifique disponible : 112 études au total, et 200 commentaires. Des recherches sur l'animal et sur l'homme ont été prises en compte.
Pas de risque accru de cancer
L'évaluation de l'aspartame vient confirmer la dose journalière acceptable (DJA) établie à 40mg/kg de poids corporel. A ce niveau d'exposition, il n'existe pas de danger pour la santé des patients en bonne santé. Différents risques potentiels étaient évoqués, les experts les ont en grande partie repoussés : l'édulcorant n'a pas d'effets négatifs sur les gènes, le cerveau ou le système nerveux. Il n'expose pas à un risque accru de cancer, de troubles du comportement ou d'un fonctionnement cognitif pas plus qu'à un risque pour le développement du foetus chez les femmes enceintes.
L'EFSA attire cependant l'attention des patients qui souffrent de trouble médical phénylcétonurie (PCU) : ils doivent observer un régime faible en phénylalanine, un acide aminé présent dans les protéines et dans l'aspartame. Un seul doute n'est pas levé : celui concernant le risque accru de développer un diabète, soulevé en février dernier par l'Institut de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Des produits de dégradations sûrs
La dégradation de l'aspartame dans l'intestin est complète et très rapide, souligne le rapport de l'EFSA. Tout effet néfaste signalé après ingestion doit donc être rapproché d'un ou plusieurs des produits de dégradation associés à l'aspartame. Mais ces produits de dégradation eux-mêmes sont sûrs, affirment les experts. Il s'agit de la phénylalanine, du méthanol et de l'acide aspartique. L'EFSA souligne par ailleurs que ces produits sont présents naturellement dans d'autres aliments. Le méthanol, par exemple, se retrouve dans les fruits et légumes.
La phénylalanine, acide aminé présent dans les protéines, n'est toxique qu'à haut niveau de consommation. Il en est de même pour le méthanol. Les niveaux présents dans l'aspartame ne suffisent pas pour entraîner des effets secondaires, conclut l'EFSA. L'acide aspartique, neurotoxique à haute dose, est également présent dans les protéines. Mais sa neurotoxicité n'est pas prouvée dans l'aspartame.
« Cet avis représente l'une des évaluations les plus exhaustives des risques associés à l'aspartame jamais entreprise, » se félicite le Dr Alicja Mortenstern, président du groupe scientifique de l'EFSA sur les additifs alimentaires et les sources de nutriments ajoutés aux aliments. « C'est un pas en avant qui permettra de renforcer la confiance des consommateurs à l'égard des fondements scientifiques qui étayent le système de sécurité des aliments de l'Union Européenne et la réglementation des additifs alimentaires ».
Une affirmation à prendre toutefois avec prudence : le 23 octobre dernier, l'Observatoire de l'Europe industrielle révélait qu'une majorité des experts de l'EFSA sont en conflits d'intérêts avec le secteur commercial. Il dénonçait notamment de nombreux conflits d'intérêts dans le groupe « Produits diététiques, nutrition et allergies ».