Les études concernant l'alimentation des futures mères pour le bon développement de leur bébé sont légion... A tel point qu'on oublie que le régime du père joue aussi un rôle important. Une étude menée par l'université McGill de Montréal (Canada), publiée ce 10 décembre dans Nature Communications vient rétablir l'équilibre: une bonne alimentation masculine avant la conception est cruciale pour le bon développement du foetus.
La vitamine B9 contre les anomalies
« Notre recherche suggère que les pères doivent penser à ce qu'ils mangent, à ce qu'ils fument et à ce qu'ils boivent, et n'oublient pas qu'ils sont les garants des générations à venir, explique Sarah Kimmins, chercheur principal. Si tout se passe comme nous l'espérons, notre prochaine étape sera de travailler avec des collaborateurs dans une clinique de fertilité, afin que nous puissions établir les liens chez les hommes entre le régime, le surpoids et comment ces informations sont liées à la santé de leurs enfants; »
L'étude s'est concentrée sur la vitamine B9, aussi nommée acide folique, que l'on trouve dans les légumes à feuilles vertes, les céréales, les fruits et les viandes. Elle est connue pour réduire le risque de fausse couche et d'anomalie congénitale chez le foetus. Jusqu'alors, il était conseillé aux futures mères d'adopter un régime riche en acide folique. Les résultats des recherches démontrent pour la première fois que le père doit également opter pour ce type d'alimentation : le niveau de vitamine B9 du père est aussi important que celui de la mère.
Les risques d'un déséquilibre alimentaire
Sarah Kimmins soulève un problème délicat : celui de l'alimentation à l'occidentale, riche en graisses et plutôt faible en légumes. « Malgré le fait que l'acide folique est maintenant ajouté à de nombreux aliments, les pères qui ont des régimes très gras - à base de fast food - ou qui sont obèses pourraient ne pas être capables d'utiliser ou de métaboliser l'acide folique de la même façon que ceux avec des niveaux adéquats en vitamine », déplore Sarah Kimmins. Elle évoque aussi l'insécurité alimentaire, qui peut avoir des conséquences graves sur le développement du foetus.
Les chercheurs ont analysé le développement de souris de laboratoire. Dans un groupe, les mâles avaient un niveau d'acide folique insuffisant, dans l'autre il était suffisant. Les anomalies congénitales étaient plus nombreuses dans le premier groupe : « Nous avons été très surpris de constater qu'il y a un risque accru de presque 30% d'anomalies de diverses sortes chez les bébés conçus par des mâles au niveau d'acide folique insuffisant. Nous avons observé des anomalies squelettiques assez sévères, qui touchaient le visage et la colonne vertébrale, » souligne le Dr Romain Lambrot.
Ces résultats confirment ce que d'autres études avaient abordé. En effet, certaines cellules du sperme gardent la mémoire du mode de vie, des maladies, mais aussi de l'alimentation. C'est ce qu'on appelle l'épigénome. Il influence quels gènes seront activés ou non, quels traits héréditaires seront transmis. Les informations sur le régime adopté sont donc transférées et influencent le développement, voire altèrent le métabolisme. Conclusion, messieurs : tous à vos assiettes de légumes !