La dépendance à la cocaïne serait en partie liée au fait de se lever et de se coucher tard, selon une nouvelle étude.
"La perturbation du rythme circadien a déjà été associée à de nombreux troubles psychiatriques, en particulier les troubles liés à l'utilisation de substances, car les drogues interfèrent avec notre cycle veille-sommeil", expliquent d'abord les auteurs de la recherche Jeevan Fernando, médecin à l'hôpital universitaire d'Oxford, et Karen D. Ersche, professeur de neurosciences à l'université de Cambridge.
Cette étude a porté sur 90 hommes, dont 48 souffrant d'un trouble modéré à sévère de la consommation de cocaïne et 42 en bonne santé.
Tous les participants ont été soumis à un dépistage possible de maladie psychiatrique, ont fourni des échantillons d'urine pour évaluer la potentielle consommation de drogues et ont rempli le questionnaire de Munich pour évaluer leurs habitudes de sommeil et d'éveil.
Addiction à la cocaïne : plus de chronotypes tardifs
Après analyse, l'une des principales conclusions des scientifiques est que les chronotypes tardifs (ou "les noctambules") étaient plus nombreux dans le groupe des consommateurs de cocaïne que dans le groupe témoin.
Il est également intéressant de noter qu'un nombre significatif de consommateurs de cocaïne a déclaré être passé d'un chronotype précoce à un chronotype tardif entre l'enfance et l'âge adulte, une tendance qui n'était pas évidente dans le groupe témoin.
"Les consommateurs de cocaïne ayant un chronotype tardif ont tendance à avoir commencé à consommer de la cocaïne à un âge plus précoce", complètent les auteurs de l'étude. "Ces résultats, combinés à la littérature existante et à nos travaux antérieurs, peuvent suggérer que le chronotype tardif constitue un facteur de risque d'augmentation de la consommation de drogues. Cela va également dans le sens d'autres études montrant que le fait d'être un oiseau de nuit est associé à une moins bonne santé et à moins de bien-être", ajoutent-ils.
"La compréhension des changements dans le chronotype peut également fournir de nouvelles pistes pour améliorer la santé et le bien-être dans le cas d'un trouble lié à la consommation de cocaïne pour lequel un traitement efficace n'a pas encore été mis en place", estiment en conclusion les chercheurs.
Addiction à la cocaïne : une tendance en augmentation
1.982 tonnes de cocaïne ont été produites dans le monde en 2020, contre 1.134 tonnes en 2010. La France compte aujourd'hui 600.000 usagers, contre 400.000 en 2010.
"Depuis plusieurs années, des signaux montrent une augmentation des consommations de cocaïne, quelle que soit sa forme, et s’accompagne d’une « démocratisation » de son usage, portée par une diversification des profils de consommateurs", détaille Santé Publique France dans son dernier rapport sur la question. "Par ailleurs, le nombre de prises en charge en lien avec la consommation de cocaïne en Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est également en hausse", poursuit l'agence de santé.
Les effets de la cocaïne sont puissants et ne durent pas très longtemps. Sa consommation peut entraîner de nombreuses complications sévères pouvant aller jusqu’au décès : troubles neurologiques, cardiologiques ou vasculaires, respiratoires, psychiatriques, infectieux, dermatologiques, ORL, etc. "Le risque de dépendance et les effets somatiques associés à la prise de cocaïne peuvent apparaître dès la première prise ou pour un usage même occasionnel", précise le ministère de la Santé.