La nouvelle avait entraîné un vent d'espoir chez tous les acteurs de la lutte anti-sida. En 2010, une fillette née séropositive dans le Mississipi avait été mise sous antirétroviraux dès sa naissance. Elle ne présente aujourd'hui aucune trace du sida. Mais parler de guérison est encore trop tôt avec ce type de guérison fonctionnelle. Et c'est ce que nous rappelle ce mardi l'annonce faite par des chercheurs américains lors d'un congrès sur le VIH en Floride. D'après Timothy Heinrich du Brigham & Women's Hospital (Massachusetts), les deux patients de Boston chez qui les médecins avaientt réussi à éliminer toutes traces de VIH ont dû reprendre leur traitement antirétroviral. Le virus s'est de nouveau manifesté dans leur organisme.
Un virus indetectable pendant plusieurs semaines
Ces résultats ne sont pas encore publiés, mais la mauvaise nouvelle rapportée par l'Agence presse médicale (APM) a été annoncée en fin de semaine dernière. Ce deux guérisons fonctionnelles avaient été obtenues chez des patients bostoniens VIH+ qui avaient reçu une greffe de moelle osseuse pour traiter une leucémie.
En juillet dernier, l'équipe américaine avait présenté les caractéristiques de ces patients quatre ans et demi après la greffe et respectivement huit et 15 semaines après arrêt du traitement antirétroviral. Résultat, le VIH n'était plus détectable dans les cellules sanguines des deux patients. Tout en jugeant ces résultats « enthousiasmants », le Dr Timothy appelait alors à la prudence. « Ils se portent très bien, mais cela n'indique pas encore que ces hommes sont totalement guéris », avait-il indiqué.
Les réservoirs VIH seraient cachés plus profond dans l'organisme
Et cette communication n'était malheureusement pas un excès de prudence pour le chercheur. Dès le mois suivant cette annonce, le virus est réapparu chez l'un des patients qui a donc dû reprendre son traitement. Puis, le virus est réapparu chez le deuxième patient le mois dernier.
La ré-émergence du virus démontre que des réservoirs du VIH sont « cachés » plus profondément dans l'organisme et plus persistants qu'on ne le pensait, précise Timothy Heinrich dans des propos rapportés par l'APM. Le scientifique poursuit en indiquant : « cela suggère que nous devons regarder plus profondément, ou chercher dans d'autres tissus... le foie, le système digestif, le cerveau », notant qu'en raison de la difficulté à obtenir des échantillons de ces organes, cela n'est pas fait en routine.
Les chercheurs américains vont continuer à étudier les différents facteurs qui pourraient expliquer pourquoi le virus est resté indétectable plus longtemps chez un patient que chez l'autre: le mode de contamination, l'âge lors de la contamination, le niveau de charge virale avant la greffe, le moment de l'arrêt du traitement antirétroviral après la greffe. « Toutes les hypothèses sont à étudier », concluent-ils.