Mieux se préparer contre les virus de la grippe résistants aux médicaments. Tel est le message de l'étude des universités d'Umeå et d'Uppsala, en Suède, révélés ce 9 décembre. Une équipe de chercheurs a découvert que certains oiseaux ont développé une résistance au traitement antigrippal Tamiflu. Les conséquences sur la lutte contre la grippe pourraient prendre une ampleur considérable.
Le Tamiflu, antiviral le plus utilisé
Les chercheurs ont noté que l'environnement naturel contenait des résidus du Tamiflu. « Nos résultats montrent que le métabolite actif du Tamiflu, sécrété par l'urine humaine, n'est pas détruit lors du traitement traditionnel des eaux usées. Nous avons pu tracer le Tamiflu dans des eaux de rivière du Japon pendant la saison grippale de 2007-2008 aussi bien qu'en Europe durant la pandémie grippale de 2009. Le Japon est le pays qui utilise le plus de médicaments antiviraux dans le monde pendant la saison grippale, » détaille Hanna Södeström, chercheuse à l'université d'Uppsala.
La grippe est une infection respiratoire virale qui se répand rapidement. Une pandémie est donc un problème de santé publique de premier plan. Pour lutter contre ce risque, des traitements antiviraux sont prescrits pour éviter une contagion. Le Tamiflu est le plus utilisé d'entre eux. Mais cet antiviral se retrouve dans les eaux usées. Or, les canards barboteurs, hôtes naturels des virus de la grippe, nagent souvent près des plans de retraitement des eaux. Ils ont donc développé une résistance au Tamiflu, ce qui présente un véritable risque. Car le virus peut se transmettre de l'animal à l'homme.
Se préparer à l'après-Tamiflu
Il est rare que la contagion s'effectue ensuite d'homme à homme, mais ce peut être le cas, comme pour la grippe aviaire H1N1. « Si un virus résistant de la grippe se transmet à l'homme et cause une pandémie, c'est une menace sérieuse pour la santé publique dans la mesure où cela prend des mois pour produire un vaccin, » analyse Josef Järlhut, chercheur à l'université d'Uppsala.
Le problème réside dans le fait que le Tamiflu est la solution la plus simple pour anticiper une épidémie grippale. Il n'existe actuellement qu'une solution aussi efficace : le Relenza. Si le premier traitement cesse d'être efficace, le second pourrait prendre le relais. Mais il n'est pas non plus à l'abri d'une résistance. Il faudra donc développer d'autres médicaments antiviraux. L'équipe de chercheurs se fixe donc un premier objectif : trouver des alternatives au Tamiflu.
Avec les financements qu'ils ont obtenu, les scientifiques souhaitent aussi développer un centre national sur la connaissance des effets des médicaments antiviraux sur l'environnement et le risque de développement de virus résistants. Cela permettra d'une part d'étudier une meilleure manière de traiter les eaux usées, de manière à en éliminer les antiviraux. D'autre part, ils pourront tester ces méthodes. Un traitement des eaux à l'ozone s'est déjà avéré efficace contre le Tamiflu. Reste à savoir s'il l'est aussi contre les autres médicaments antiviraux.