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Virologie

Transmission du VIH : des chercheurs identifient un facteur crucial

Par Diane Cacciarella

La transmission du virus de l'immunodéficience humaine serait due à la manière dont une protéine virale, appelée Rev, interagit avec une partie de l'ARN viral. Explications.

Artem_Egorov/iStock
Des chercheurs ont découvert l'importance de l'activité fonctionnelle Rev-RRE, c’est-à-dire la manière dont la protéine virale Rev interagit avec une partie de l'ARN viral (RRE).
Lors d’une transmission vaginale du VIH, les virus à l'origine des nouvelles infections avaient tendance à présenter une faible activité Rev-RRE.
Cette découverte pourrait, à terme, permettre la mise au point de nouveaux traitements contre le VIH.

Entre 4.200 et 5.700 personnes ont découvert leur séropositivité au virus d’immunodéficience humaine (VIH) en 2022 en France, selon le bulletin de santé publique VIH-IST. Ce nombre a de nouveau augmenté en 2021 et 2022, à la suite de la forte baisse observée en 2020, mais reste inférieur à celui de 2019. 

VIH : une transmission réussie est influencée par la protéine Rev

Le VIH est responsable de la maladie du Sida. Il se transmet par les liquides corporels d’une personne infectée, c’est-à-dire le sang, le lait maternel, le sperme et les sécrétions vaginales. La transmission du VIH se produit alors dans certaines circonstances très précises : transmission mère-enfant, contact avec du sang contaminé ou lors de rapports sexuels non protégés par un préservatif s’il y a pénétration vaginale, anale ou buccale. Quand une personne est nouvellement infectée, il n’y a généralement qu’un seul variant viral qui lui est transmis. C’est ce que les scientifiques appellent le goulot d’étranglement génétique, ou "genetic bottleneck".

Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Open Forum Infectious Diseases, des chercheurs de l'Université de Virginie, aux États-Unis, ont identifié un nouveau facteur de transmission du VIH. Ils estiment en effet qu’une transmission réussie est influencée par une protéine produite par le virus - la protéine Rev - et par la manière dont elle interagit avec l’ARN du virus (appelé élément de réponse Rev, ou RRE). 

"Une nouvelle vision de la transmission du VIH" qui "pourrait ouvrir la voie à de meilleurs médicaments"

Lors de leurs travaux, les scientifiques ont étudié des séquences du VIH lors de transmission vaginale femme-homme du virus. L’objectif était de comprendre les raisons du goulot d'étranglement génétique : pourquoi une contamination est-elle réussie et pourquoi il n’y a qu’un seul variant viral transmis lorsqu’une personne est nouvellement infectée ? 

Verdict : cela est dû à l’activité fonctionnelle Rev-RRE, c’est-à-dire la manière dont la protéine virale Rev interagit avec une partie de l'ARN viral, l’élément de réponse Rev ou RRE. Les chercheurs ont en effet découvert que, lors d’une transmission vaginale du VIH, les variants du virus à l'origine des nouvelles infections avaient tendance à présenter une faible activité Rev-RRE. Cela signifie que les variations de l’activité Rev-RRE peuvent déterminer quels variants du virus déclenchent une nouvelle infection. 

Autre observation : l’activité Rev-RRE pourrait également permettre au virus de s'adapter à différentes conditions physiques, ce qui pourrait jouer un rôle clé dans la façon dont le VIH s'installe chez une nouvelle personne. "C'est une nouvelle vision de la transmission du VIH, indique le Dr. Marie-Louise Hammarskjöld, autre auteur de l'étude, dans un communiqué. Si l’activité Rev-RRE est importante ici, elle pourrait également l'être pour d'autres aspects de la maladie liée au VIH."

Une découverte qui, à terme, pourrait permettre de mettre au point de nouveaux traitements. "Protéger les gens contre le VIH est un objectif majeur de santé publique, indique le Dr Patrick Jackson, auteur de cette étude. Notre travail sur la compréhension du processus de transmission du VIH pourrait ouvrir la voie à de meilleurs médicaments pour prévenir le VIH.