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Inégalités

Le sexisme s'aggrave en France, alerte le Haut Conseil à l’Égalité 

Par Mégane Fleury

Selon le rapport annuel du Haut Conseil à l’Égalité, le sexisme demeure, voire s’aggrave en France. La famille, l’école et le numérique sont des lieux qui favorisent son développement. 

Dzmitry Dzemidovich/ISTOCK
Le Haut Conseil à l’Égalité publie son rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France.
Selon ses conclusions, le sexisme s’aggrave dans certaines catégories de population.
Trois lieux sont identifiés comme des incubateurs du sexisme : la famille, l’école et le numérique.

Le sexisme perdure en France. Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil à l’Égalité, il s’aggrave même chez certaines catégories de population. "Famille, école et numérique sont les trois incubateurs qui inoculent le sexisme aux enfants dès le plus jeune âge, indique le communiqué. Il faut donc le combattre là où il nait." Selon le rapport, neuf femmes sur dix ont déjà déclaré avoir subi une situation sexiste. 

Sexisme : des stéréotypes persistants et des violences qui augmentent 

Ce constat est tiré d’une enquête réalisée en novembre 2023 auprès de 3.500 personnes âgées de 15 ans et plus, par l’institut Viavoice pour le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes. 92 % de la population interrogée estime que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins un des aspects de la société. "Si cette réalité est reconnue par l’ensemble de la population, les violences sexistes et sexuelles déclarées continuent d’augmenter, et s’aggravent dans certaines sphères, note le document. Les réflexes masculinistes persévèrent, surtout, encore cette année, chez les hommes de 25 - 34 ans." Des stéréotypes de genre persistent aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ainsi, 70 % des hommes pensent qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille pour être respecté dans la société et 60 % des femmes pensent qu’elles doivent être discrètes pour répondre à ce qu’on attend d’elles. Le rapport du Haut Conseil à l’Égalité pointe aussi une forme de "passivité voire d’hostilité et de résistance" à l’émancipation des femmes. 37 % des hommes estiment que le féminisme menace la place et le rôle des hommes, soit une augmentation de trois points par rapport à l’année précédente. Ces opinions sont plus marquées chez les hommes de 25 à 34 ans.

Égalité femmes - hommes : des différences dès le plus jeune âge

L’instance alerte sur la nécessité de s’attaquer aux "racines" du sexisme. Celles-ci prennent naissance dès le plus jeune âge. Deux tiers des femmes interrogées estiment avoir été éduquées différemment de leur(s) frère(s). Ces différences peuvent concerner le partage des tâches ménagères, les activités extra-scolaires ou encore les choix vestimentaires. Mais les jouets demeurent aussi genrés : seulement 3 % des hommes ont déjà eu des poupées et 4 % des femmes des petites voitures dans l’enfance.

Selon le rapport, ces inégalités se renforcent ensuite à l’école. Près de la moitié des 25 - 34 ans considèrent que les garçons et les filles ne reçoivent pas le même traitement à l’école. Or, cela a des conséquences sur le choix des études. La majorité des femmes n’ont jamais envisagé de carrière scientifique ou technique.

Ces différences de traitement se poursuivent ensuite sur Internet. "En ligne, 75 % des femmes affirment ne pas être traitées à égalité (ce que corroborent nos études des contenus les plus vus sur Instagram notamment, où 68 % des vidéos véhiculent des stéréotypes assignant les femmes à la maternité)", indique le communiqué. Le Haut Conseil à l’Égalité relève aussi que les vidéos pornographiques présentent des contenus misogynes, d’une rare violence, que 64 % des hommes de 25 - 34 ans disent reproduire dans leur vie sexuelle. 

Sexisme : il faut "éduquer, réguler et sanctionner"

Pour le Haut Conseil à l’Égalité, trois axes doivent être développés pour lutter contre le sexisme : éduquer, réguler et sanctionner. Concrètement, l’instance estime qu’il est nécessaire de mettre en place un "programme d’éducation à l’égalité" pour les plus jeunes et de réguler davantage les contenus numériques. Elle rappelle aussi qu’il est important de faire du délit de sexisme un "véritable outil juridique de condamnation".