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Théorie des «turbo-cancers» : les vaccins à ARNm accélèrent-ils la survenue de cancers ?

Apparue au moment de la vaccination contre la Covid-19, la théorie des "turbo-cancers" affirme que les vaccins à ARN messager engendrent l’apparition de cancer ou leur accélération.  

Théorie des \ Alernon77/istock




L'ESSENTIEL
  • A la suite de la pandémie de Covid-19, des théories sur l'apparition de turbos-cancers liés à la vaccination sont apparues.
  • Des scientifiques dénoncent des accusations non-fondées.
  • Aucun cas d'apparition de cancer lié à la vaccination n'a été signalé.

Au moment où les premiers vaccins contre la Covid-19 sont apparus, des inquiétudes et des rumeurs sont nées. Pour certains, ces sérums à ARN messager engendrent l’apparition de tumeurs ou aggravent des cancers. Le terme "turbo-cancer" a alors émergé : non-validé par la médecine, il désigne des cancers agressifs ou fulgurants. Une théorie défendue par certains chercheurs mais vivement critiquée par le reste de la communauté scientifique. 

Covid-19 : qui sont les défenseurs de la théorie des turbo-cancers ? 

Le terme "turbo-cancer" a été popularisé par Alexandra Henrion-Caude, ancienne directrice de recherche à l’Inserm. Celle-ci est aujourd'hui devenue la figure de proue des opposants à la vaccination contre le coronavirus.  

Parmi les défenseurs de cette hypothèse, il y a aussi le Pr Didier Raoult, ancien directeur de l’IHU de Marseille, connu pour avoir promu l’utilisation de l’hydroxychloroquine. Plus tôt en janvier, sur Cnews, il a affirmé qu’il existe un lien entre "vaccin contre la Covid-19 et le lymphome", en citant une étude parue dans la revue Nature, le 6 décembre dernier. 

Turbo-cancer : une théorie contestée par la communauté scientifique 

À 20 minutes, Mathieu Molimard de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), explique que cette vision de l’étude est une lecture "anxiogène" de l’article qui laisse entendre "des effets indésirables qui en pratique n’ont pas été observés". Il dénonce un "fantasme sur les turbocancers et les vaccins qui ne se base sur rien", et poursuit "toutes les données de pharmacovigilance, et on n’en a jamais eu autant sur un vaccin, montrent qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de cancer, qu’il n’y a pas d’augmentation des lymphomes".

En mars dernier, une cinquantaine de cancérologues a publié une tribune pour réfuter cette théorie sur l’Express. Jérôme Barrière, oncologue à Cagnes-sur-mer, en est l’un des co-auteurs. Sur France Culture, il explique que la théorie des turbo-cancers est basée sur "une publication de 2022" et sur "un cas, une personne qui avait un lymphome et après vaccination, après sa troisième dose de vaccin, il a été constaté une accélération de son lymphome". Il complétait ensuite son propos en précisant qu’aucun cas de cancer du sein, du pancréas, par exemple, ou du poumon, qui aurait été favorisé ou accéléré par la vaccination anti-Covid, n’a été trouvé ensuite.

Une accélération possible des lymphomes liée à la vaccination ?

En revanche, il estime que la vaccination a pu accélérer les lymphomes chez des personnes déjà atteintes. "Il est possible, voire très probable, que la vaccination ait pu entraîner une inflammation qui a accéléré le processus lymphomateux, indique-t-il. Après, les gens ont été traités, mais en aucun cas la vaccination en elle-même a créé le mécanisme physiopathologique pour aboutir à la première cellule cancéreuse." Aussi, l'accélération des lymphomes est rarissime, selon ce professionnel de santé. Dans son interview à 20 Minutes, Mathieu Molimard confie être "désespéré par l’absence de réaction des autorités face une désinformation massive et répétée qui met en danger des vies".

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