Les médicaments utilisés pour calmer les acidités et reflux gastriques ou les ulcères à l'estomac ne sont pas sans risque lorsqu'ils sont pris sur une longue durée. C'est ce que suggère une étude américaine publiée ce 10 décembre dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Les patients consommant des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ou des antihistaminiques risquent davantage de souffrir de carences en vitamine B12.
Une association, pas une cause
Des chercheurs du Kaiser Permanente d'Oakland (Californie, Etats-Unis) ont analysé les dossiers médicaux de 26 000 personnes carencées et de 185 000 personnes en bonne santé. Un patient souffrant de carence sur huit était traité avec des IPP, et 4% consommaient des antihistaminiques, depuis deux ans ou plus. Le lien entre les carences et le traitement était plus fort chez les femmes et les personnes jeunes.
Les chercheurs restent toutefois sereins : le risque est plutôt bas. « C'est une raison de s'y intéresser, mais ce n'est pas une urgence pour un patient normal. Les gens ne doivent pas arrêter leur traitement simplement sur la base de cette étude, » relativise le Dr Douglas Corley, auteur senior de l'étude. Il précise qu'il s'agit d'une association et que des recherches approfondies devront être réalisées pour déterminer le niveau de risque.
Une moindre absorption de vitamine B12
Les IPP et les antihistaminiques sont prescrits à des patients qui présentent des symptômes d'ulcère à l'estomac, comme des brûlures ou des indigestions. Ces médicaments réduisent la quantité d'acide produite par l'estomac. Mais les acides gastriques sont nécessaires pour absorber la vitamine B12 présente dans les aliments (viande, poisson et produits laitiers). Un tel traitement peut donc favoriser une carence.
La plupart du temps, lorsque l'on diagnostique une carence en vitamine B12, elle est traitée par des compléments alimentaires ou des injections. Mais les symptômes (léthargie, faiblesse, fatigue, constipation, anémie) peuvent passer inaperçus. Le risque, en revanche, est bien réel, puisqu'un tel manque peut favoriser des dommages au système nerveux.
Poursuivre le traitement
Pour autant, pas question d'interrompre un traitement à base d'IPP ou d'antihistaminiques pour le médecin comme pour le patient, précise le Dr Corley : « Les gens le prennent pour de bonnes raisons. Ils améliorent la qualité de vie et préviennent les maladies. [Cette étude] soulève la question de savoir si les personnes qui prennent ces médicaments doivent faire vérifier leur niveau de vitamine B12. » Par ailleurs, seuls les patients sous traitement de longue durée sont concernées par ce léger sur-risque. Un conseil émerge de cette étude : utiliser ces médicaments sur une durée aussi courte que possible, et ne pas dépasser la dose d'efficacité minimale.