La solitude a été associée à une réduction du volume de matière grise dans le cerveau chez les hommes, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Cerebral Cortex. Cette association semble particulièrement forte chez les hommes souffrant de dépression, alors qu'elle n'a pas été observée chez les femmes.
L'auteur de l'étude Zhenhong He et ses collègues ont voulu examiner s'il existait des anomalies dans le volume de la masse grise du cortex cingulaire antérieur et du cortex préfrontal ventrolatéral droit du cerveau chez les personnes souffrant d'un trouble dépressif majeur par rapport aux cerveaux d’individus en bonne santé.
Les chercheurs ont également cherché à déterminer si la solitude était liée à des changements structurels dans ces régions du cerveau.
L’enjeu est essentiel, puisque la masse grise - principalement composée de corps cellulaires neuronaux, de dendrites et d'axones non myélinisés - sert au traitement et à l'interprétation des informations dans le cerveau.
Matière grise et solitude : des milliers de cerveau analysés
Dans cette étude, les données cérébrales des hommes et des femmes ont été analysées et comparées séparément. Les données proviennent de la base de données "UK Biobank", comprenant 21.402 personnes ayant subi une imagerie par résonance magnétique cérébrale. Les chercheurs ont exclu de leur cohorte les participants présentant des volumes de matière grise extrêmement faibles ou élevés dans ces régions et les individus ayant déclaré des diagnostics de troubles neurologiques ou neurodéveloppementaux.
Les participants ont été classés en trois catégories en fonction du nombre d'épisodes dépressifs traversés ou pas. La solitude a été évaluée sur les réponses à ces deux questions : "Vous sentez-vous souvent seul ?" et "À quelle fréquence pouvez-vous vous confier à un proche ?".
Après avoir éliminé tous les participants dont les données étaient incomplètes, l'échantillon final pour l'analyse comprenait 339 hommes souffrant d'un trouble dépressif majeur et de 3.781 participants masculins en bonne santé. L'échantillon féminin comprenait les données de 666 personnes souffrant de troubles dépressifs majeurs et de 3.466 femmes en bonne santé.
Matière grise et solitude : 44 % des Français concernés
Les résultats ont montré que les hommes souffrant de troubles dépressifs majeurs avaient un volume de masse grise plus petit dans le cortex préfrontal ventrolatéral droit. Cette différence n'a pas été observée chez les femmes.
Chez les hommes souffrant d'un trouble dépressif majeur, les personnes plus solitaires avaient tendance à avoir un volume de masse grise plus réduit dans les zones gauche et droite du cortex cingulaire antérieur et dans le cortex préfrontal ventrolatéral droit. Chez les hommes en bonne santé, les personnes plus solitaires avaient tendance à avoir des volumes de masse grise plus faibles dans le cortex cingulaire antérieur droit. Encore une fois, ces associations n'existaient chez les femmes.
"Nos résultats démontrent l'effet négatif de la solitude sur la santé du cerveau et la possibilité que l'engagement social ait un effet direct et mesurable sur le volume du cerveau chez les hommes vulnérables à la dépression", concluent les auteurs de l'étude.
La solitude fait partie du quotidien des Français. 44 % d’entre eux ont reconnu se sentir seuls de manière régulière, selon un sondage IFOP/Flashs pour l’assureur animalier Goodflair. Parmi ces solitaires, 18 % reconnaissent éprouver ce sentiment fréquemment, voire tous les jours ou presque.