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Maladie neurodégénérative

Alzheimer : des hormones de croissance contaminées ont transmis la maladie

Par Alexandra Wargny Drieghe

Une étude inédite montre que des patients traités avec des hormones de croissance extraites de cadavres ont développé la maladie d’Alzheimer à cause du traitement.

K_E_N/Istock
Une étude britannique montre que des patients traités avec des hormones de croissance extraites de cadavres ont développé la maladie d’Alzheimer.
Aujourd’hui, le traitement n’est plus autorisé, donc il n’y a plus de risque de transmission de la maladie d’Alzheimer par cette voie.
Pour l’auteur de l’étude, “la reconnaissance de la transmission de la pathologie bêta-amyloïde dans ces situations rares devrait nous amener à revoir les mesures visant à prévenir la transmission accidentelle via d’autres procédures médicales ou chirurgicales, afin d’éviter que de tels cas ne se reproduisent à l’avenir”.

La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative qui touche près d’un million de Françaises et Français, selon l’Institut du Cerveau. Si, depuis sa découverte par le médecin allemand Aloïs Alzheimer en 1907, de nombreuses recherches ont permis d’en savoir bien plus sur ses mécanismes, cette pathologie n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que cette forme de démence ne pouvait se transmettre que par les gènes, mais une nouvelle étude observationnelle menée par des chercheurs britanniques pourrait chambouler ces connaissances. Elle suggère que la maladie d’Alzheimer pourrait être transmise de façon iatrogénique, c’est-à-dire en effet secondaire d’un traitement : les hormones de croissance extraites de cadavres. Les résultats sont disponibles dans la revue Nature Medicine

Des hormones extraites de cadavres entre 1959 et 1985 en Grande-Bretagne

Les hormones de croissance extractives étaient extraites de l’hypophyse de cadavres, une partie du cerveau qui fabrique de nombreuses hormones de l’organisme, afin de traiter des enfants pour diverses causes de petite taille. Elles ont ensuite été interdites à la fin des années 80 partout dans le monde, après la survenue de cas de Creutzfeldt-Jakob (la maladie de la vache folle) chez des patients traités. Mais il semblerait que ces hormones auraient également pu transmettre la protéine bêta-amyloïde à l’origine de la maladie d’Alzheimer chez cinq patients traités, d’après l’équipe de chercheurs du centre hospitalier universitaire de Londres en Angleterre.

Alzheimer : 5 personnes contaminées par des hormones de croissance extractives

Les patients que nous avons décrits ont reçu un traitement médical spécifique, abandonné depuis longtemps, qui consistait à injecter aux patients du matériel dont on sait maintenant qu’il a été contaminé par des protéines liées à la maladie”, précise l’auteur principal de la recherche, le professeur John Collinge, directeur de l’Institut des maladies à prions de l’UCL et neurologue consultant à l’UCLH. Il ajoute également que “rien ne suggère que la maladie d'Alzheimer puisse être transmise entre individus au cours d'activités de la vie quotidienne ou de soins médicaux de routine”.

Les analyses ont porté sur huit patients originaires du Royaume-Uni, traités avec ces hormones, mais n’ayant pas développé la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Cinq d’entre eux ont commencé à présenter des symptômes neurologiques entre 38 et 55 ans. Cet âge inhabituellement jeune suggère qu’ils ne souffraient pas de la maladie d’Alzheimer sporadique habituelle associée à la vieillesse. Les échantillons disponibles pour des tests génétiques ont également permis à l’équipe d’exclure toute origine héréditaire. Chez les trois autres patients, une personne a montré des symptômes de troubles cognitifs légers à 42 ans, une autre n’a eu que des symptômes subjectifs (l’impression de perdre la mémoire) et la dernière n’a montré aucun signe de dégradation.

Transmission de la maladie d’Alzheimer : quelles conséquences d’une telle découverte ?

La reconnaissance de la transmission de la pathologie bêta-amyloïde dans ces situations rares devrait nous amener à revoir les mesures visant à prévenir la transmission accidentelle via d’autres procédures médicales ou chirurgicales, afin d’éviter que de tels cas ne se reproduisent à l’avenir”, préconise le Pr John Collinge. “Il est important de noter que nos résultats suggèrent également que la maladie d’Alzheimer et certaines autres maladies neurologiques partagent des processus pathologiques similaires à ceux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, ce qui pourrait avoir des implications importantes pour la compréhension et le traitement de la maladie d’Alzheimer à l’avenir.