Pour parvenir à parler espagnol, à jouer à la guitare ou encore à faire du vélo, il convient de pratiquer et de s’entraîner régulièrement. Cependant, dans une récente étude, des scientifiques de l’université d’Oregon (États-Unis) ont montré comment l'exposition passive à des éléments liés à la tâche, qui se fait relativement sans effort et ne nécessite pas de rétroaction, influence l'apprentissage.
L’exposition passive aux sons a permis aux souris de choisir plus vite l’emplacement de la récompense
Afin de mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont réalisé des expériences sur des souris. Pour analyser comment les rongeurs apprennent, ils les ont entraîné à atteindre une récompense à un endroit précis en réponse à des sons. Toutes les souris ont été soumises à un entraînement actif, dans lequel elles ont eu un "feedback" sur leurs performances afin de savoir si elles avaient fait le bon choix. Dans le cadre de l’exposition passive, certains rongeurs ont aussi entendu les sons, mais ils n'étaient pas impliqués dans la tâche.
Selon les résultats, parus dans la revue eLife, les animaux ayant été exposés passivement aux sons en plus d’être activement entraînés ont appris à sélectionner plus rapidement l’emplacement de la récompense. Cela ne semblait pas avoir d'importance "si l'exposition passive avait lieu au début de l'entraînement ou tout au long des séances".
Le cerveau est préparé à établir des connexions plus rapidement grâce à l’exposition passive
Ensuite, l’équipe a formé et testé des réseaux neuronaux avec différentes structures et règles d'apprentissage pour effectuer la tâche. Les auteurs ont constaté que l’exposition passive à un stimulus jetait les bases dans le cerveau, créant une représentation cachée de ce stimulus qui capture ses caractéristiques les plus importantes, comme dessiner un contour au crayon avant de plonger dans une peinture détaillée. Ensuite, lors d’un apprentissage actif, le cerveau relie le stimulus à des comportements particuliers. Avec une exposition passive, le cerveau est préparé à établir ces connexions plus rapidement.
"Nos résultats suggèrent que, chez la souris et chez l'Homme, un seuil de performance donné peut être atteint avec relativement peu d'effort en combinant une exposition passive sans effort avec un entraînement actif. Ces informations pourraient être utiles aux personnes qui apprennent un instrument ou une langue étrangère, même si des recherches supplémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre comment cela s'applique à des tâches plus complexes", a conclu James Murray, neuroscientifique et auteur de l’étude.